100 jours… whakawhetai koe Aotearoa…

Voyage et Ngauruhoe

(Merci la Nouvelle-Zélande)

Il y a 100 jours exactement, je partais, avec mon sac à dos. Je quittais la France, mon pays, et traversais la planète pour atteindre ce coin de bout du monde qui me faisait tant rêver… La Nouvelle-Zélande. Il y 100 jours je partais, le coeur lourd de quitter ceux que j’aime, mais l’excitation du voyage palpitant dans mes veines, me tordant les tripes, me filant la chaire de poule… Je partais, il y a 100 jours, seule.

Matin ensoleillé du voyage

Depuis ce matin, mille pensées m’ont traversé l’esprit, pendant que je marchais sur le chemin des Tama Lakes, cet endroit sublime à quelques kilomètres de l’hôtel où je vis. J’y suis partie tôt, le jour se levait doucement, il faisait froid. J’aime cette façon de commencer la journée, j’aime cette sensation d’être seule au monde dans un endroit somptueux quand les autres dorment encore. C’est comme avoir un secret avec la montagne, savoir que le jour se lève avant les autres, savoir que l’air est froid, que les branches frissonnent, que les oiseaux se réveillent en chantant. Les petits ruisseaux à traverser sur ce parcours étaient gelés à l’aller, et commençaient à fondre au retour. Le Mont RuapehuLes lueurs du soleil commençaient à illuminer ces deux volcans qui sont devenus les compagnons de mon quotidien : le Mont Ngauruhoe et le Mont Ruapehu (il faudra que je vous parle de leur ascension prochainement…). Et soudain le soleil est apparu au-dessus du Mont Ngauruhoe et a tout inondé, mon coeur avec. L’air me glaçait les oreilles, mes pas faisaient craquer le givre au sol…

Puis je suis arrivée aux Tama Lakes. Lower Tama LakeLe premier, « Lower Lake » est déjà superbe à observer, surtout ce matin, avec la neige ça et là. Le second, « Upper Lake », est accessible après quelques efforts supplémentaires et l’ascension d’une petite colline. D’en haut, la vue est à couper le souffle. Le lac gelé apparaît au pied du Mont Ngauruhoe, blanc, éblouissant. En se retournant, on retrouve le Lower Lake et le Mont Ruapehu. Alors non, je ne vais rien vous cacher… Les larmes me sont venues, comme ça, irrépressibles… C’était magnifique, j’ai peu de mots suffisamment puissants pour décrire ce sentiment qui m’a envahi ce matin. L’exaltation, le bonheur, la satisfaction pure et sereine d’avoir les pieds sur cette terre, de sentir cet hiver resplendissant sur les montagnes, d’avoir froid et chaud à la fois… Je suis restée là longtemps, respirant cette énergie, absorbant cette magie de la nature… Et je suis redescendue, jusqu’à cet hôtel charmant où je vis et travaille depuis un bon mois déjà.

Mont Ruapehu et Lower Lake

Je crois qu’en 100 jours j’ai appris beaucoup de choses, à travers ces randonnées, à travers ces rencontres inoubliables, et à travers moi-même. J’entends par là, la façon dont j’ai vécu ce quotidien, les décisions que j’ai prises, les choix qui m’ont amenée là où je suis aujourd’hui. Cela faisait longtemps que j’avais cette idée en tête, que ma vie pouvait être différente, que je pouvais me sentir plus libre et plus détendue, que mes codes pouvaient être bousculés.

L'hiver en voyageJe savais que les concepts comme ceux du couchsurfing ou du stop me plaisaient, je savais que partir seule m’attirait par le fait des rencontres infinies qui allaient s’ouvrir à moi et de la liberté insolente qui m’attendrait. Je savais que partir avec le moins d’affaires possibles et se défaire au mieux d’un tas de choses dont je n’ai nul besoin rendrait sûrement ma vie moins pesante. Je savais que partir loin permettrait de me défaire de certains tracas, sans pour autant tout résoudre par magie. Mais j’avais besoin de temps pour me lancer, j’avais peur d’avoir cette audace.

Et je l’ai finalement fait, j’ai pris cet avion vers un pays qui me faisait rêver. Non, je n’avais pas trouvé un boulot idéal en Nouvelle-Zélande, non, je n’avais pas d’amis, de famille, ou d’amour qui m’y attendaient. Il y avait juste ce nom « Nouvelle-Zélande », qui m’inspirait terriblement, sans que je puisse vraiment l’expliquer. Et c’est comme ça que tout à commencé. C’est comme ça que j’ai commencé à m’écouter, tout simplement. Depuis, je vis de cette façon. J’écoute. Ce qui fait palpiter le sang dans mes veines, ce qui me pousse à sourire, ce qui détourne mon regard. Et j’arrête de peser le pour et le contre pendant des heures. Je prends mon sac et mes quelques affaires, et j’avance dans la direction qui m’inspire. J’ai toujours été assez instinctive je crois. Le soucis que j’avais est que, bien souvent, au lieu d’écouter ces instincts, j’essayais de les réfréner et d’agir comme une personne plus raisonnable (pas toujours, quand même). Aujourd’hui, j’ai appris que ces instincts sont les meilleurs guides de mon quotidien.

A vrai dire, je crois que je n’ai jamais aussi bien maîtrisé ce quotidien que depuis que j’ai lâché prise. Oui, cela semble paradoxal. Mais en fait, je crois qu’on a tous un chemin à emprunter, et une façon de le faire qui nous est propre. Peu importe où, comment, pourquoi, avec qui. L’important est de savoir qu’on est sur la bonne route. L’important est de prendre sa propre voie, pas celle qui nous semble correspondre aux attentes des autres, amis, famille, société, collègues, peu importe. Parfois ce chemin est à contre-courant des tendances actuelles. Parfois ce chemin paraît loufoque ou insensé, même à nos propres yeux. Mais peu importe. Il faut juste savoir si on se sent soi-même sur ce chemin. Finalement, je crois que la seule personne dont il faut arrêter de se cacher, c’est soi-même. Tout cela paraît sûrement très simple, peut-être un tissu de banalités. Mais ça ne l’est pas pour moi, surtout depuis 100 jours, surtout depuis que je me sens si bien les pieds dans mes chaussures. Je ne veux pas dire par là que tout était terrible avant, surtout pas. Au contraire, je crois que tout ce que j’ai pu vivre avant ce départ m’a guidé jusqu’ici. J’étais parfois sur la bonne route, parfois non, mais il arrive de se perdre et j’ai eu la chance de retrouver de la lumière pour me remettre en marche.Et cela fait partie du processus. On peut tomber, on peut se blesser, on peut s’envoler aussi. Il y a toujours à apprendre de chaque situation, et on repart mieux équipés, plus attentifs…

Voilà ce que j’avais à partager pour mon centième jour, et les photos de cette journée. Je vais continuer de partager mes histoires sur le blog, parce que cela me fait plaisir. Et je n’ai pas fini de vous raconter mes premiers mois de voyage, alors je m’y remets très vite.

Je suis prête pour les 100 prochains jours !

Panorama

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Pensées de voyageuse

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