Angelus Hut, un rêve qui se mérite au coeur des Nelson Lakes…

Avec ma copine Juliette, nous avions adoré Abel Tasman et fini ces quelques jours des étoiles plein les yeux, pour moi des piqûres plein les pieds, et le teint un peu halé ! Mais ce n’est pas le tout… J’avais entendu parler à plusieurs reprises d’une randonnée magnifique dans les Nelson Lakes, jusqu’à Angelus Hut… J’avais eu quelques renseignements à l’office de tourisme de Nelson. Le temps s’avérait favorable pour les deux prochains jours, et nous pouvions faire l’aller par un chemin et le retour par un autre.

Mont Robert Ridge et ses vues imbattables

Nous sommes donc parties assez tôt, ayant un peu de route à faire, et avons commencé à marcher à 7h30. Nous avions choisi de nous rendre à la hut en suivant la crête du Mont Robert. Nous savions que 1000 mètres de dénivelé nous attendaient. Nous avons commencé à monter directement, sur un chemin facile nous offrant une vue superbe sur le Lac Rotoiti, le village de Saint Arnaud se réveillant et toute la vallée environnante, ainsi que d’autres chaînes montagneuses de tous les côtés. Après avoir traversé une jolie forêt d’arbres ressemblant à des boulots, nous avons atteint le niveau au-dessus des arbres, et après un peu plus d’efforts nous étions sur la crête, entourées par un paysage resplendissant et sous un soleil agréable, une brise légère et bienvenue nous caressant les épaules. Nous étions très surprises, nous qui nous attendions à des températures entre -5° et 5°… Mais évidemment, ces montagnes sont imprévisibles. Au moins, la chance était de notre côté.

Après un pique nique de luxe dans cet endroit fabuleux, nous avons continué notre périple. Les choses sérieuses ont commencé, à vrai dire… Oscillant entre marche agréable sur la crête (sauf si vous avez le vertige) et expédition à flanc de falaise, au milieu de roches absolument pas fixes, bougeant sans cesse et menaçant de faire tout s’écrouler sous vos pas, nous avons commencé à sentir ce petit goût d’aventure plutôt satisfaisant. Mais en fait, plus nous avancions, moins c’était évident, et comme il restait quelques passages enneigés que nous essayions de contourner, il nous fallait toute notre concentration afin de ne pas nous mettre en danger. Mais toujours, à chaque tournant, les vues elles-mêmes étaient plus incroyables et majestueuses. Des lacs bleus, non sans rappeler les lacs émeraudes du Tongariro Alpine Crossing dans l’île du Nord, se dévoilaient entre des zones d’herbes, de tussock ou de roches aux différentes couleurs.

Nous n’étions pas les plus rapides ce jour-là et d’autres nous ont dépassées, mais nous sommes tous arrivés, à un moment donné, à ce même point d’émerveillement, quand après ces heures assez éprouvantes mentalement (plus que physiquement pour moi) à se concentrer sur où poser le pied, nous sommes arrivés là… Là, en haut de la dernière montée, surplombant un paysage incroyable, une petite vallée surprise au milieu de sommets encore enneigés, dévoilant les Lacs Angelus, et au beau milieu, presque trop mignonne, la hut… Quelle émotion… Quelle récompense sans précédent…

Nous avons entamé la descente et atteint Angelus Hut avec ravissement. Il était encore tôt et nous avons passé l’après-midi à dorer au soleil, discuter avec un autre voyageur, Anthony, rencontré là, et profiter de ce lieu…

Speargrass Valley Track, et nos pieds mouillés…

Après une bonne nuit dans cette hut très fréquentée (mon indispensable pour bien dormir dans les huts : les boules quies ! ), je me suis réveillée tôt, et ai pu profiter encore de cet endroit somptueux, dans la lumière chaude du matin… La sensation de calme qui régnait à cet instant m’a fait tellement de bien, j’étais presque triste de partir…

Nous avons choisi Speargrass Valley Track pour le retour, sensé être plus facile que le chemin de la veille. La descente vertigineuse dans le lit de la rivière, entre deux montagnes, était superbe également. Malgré un passage difficile, quand en marchant dans un très étroit sentier à flanc d’une pente toute en gravier, une partie effondrée obligeait à faire deux pas de géant assez effrayant pour pouvoir continuer, l’ensemble de cette marche fut très agréable… Nous avons atteint la forêt et du retraverser au moins quinze fois la même rivière, sans pont évidemment et avec parfois de l’eau jusqu’aux genoux. Juliette m’a bien fait rire à commenter presque à chaque fois « je pense que c’est la dernière fois qu’on doit la traverser ». Après toutes ces dernières fois donc, le chemin s’éternise encore un long moment dans la forêt, facile, et tout en pente descendante douce. Assez épuisées par cette longue randonnée, nous étions assez silencieuses, bercées par le chant des oiseaux et probablement perdues dans nos pensées malgré nous…

Et puis soudain, après nous être justement dit que nous commencions à fatiguer, nous avons discerné l’orée de cette forêt, le parking, et ma petite voiture nous attendant là… Quelle joie, quelle fierté de finir cette marche, quel accomplissement !

Il nous a fallu un long moment de détente pour reprendre nos esprits, savourer notre victoire, et partir vers la côte Ouest de l’île du Sud, puisque la route à l’Est est toute effondrée suite au séisme de Kaikoura de la semaine passée… D’autres aventures nous attendent, mais nous savons pertinemment que ces deux jours, aussi exigeants psychologiquement que somptueux par les paysages exceptionnels que nous avons traversés, resteront gravés dans nos mémoire avec ce petit goût d’avoir vécu quelque chose de « spécial », ce sentiment d’être parmi les privilégiés qui partagent le secret d’Angelus Hut.

Si vous souhaitez faire cette randonnée, je ne peux que vous y encourager, et je vous souhaite une aussi belle aventure que nous. Toutefois, je pense vraiment qu’elle fait partie de ces marches à ne surtout pas tenter par mauvais temps, et sur laquelle il faudra être extrêmement vigilants si le vent se levait…