Bibbulmun Track 8-9 : atteindre le wow

Bibbulmun Track 8-9: reaching the wow

Petite histoire de la section 8 : de Collie à Dwellingup

Little story of the section 8: from Collie to Dwellingup

Echange de belles énergies

Trade of great energies

Après une section formidable en compagnie de Steph, mais aussi de Benny et Laura, je reprenais la marche seule cette fois-ci, après juste une nuit à Collie. Steph repartait en voyage, Benny faisait une plus longue pause dans son aventure et Laura s’accordait une nuit de plus à Collie. Je me sentais pleine d’énergie, portée par ces moments superbes passés tout dernièrement et par le confort que j’avais semblé trouver depuis une bonne centaine de kilomètres, mon corps avançant sans douleurs, sans fatigue, semblant en redemander, mon sac me paraissant léger et comme une extension de moi-même, et la vie sur le sentier étant devenu d’un naturel assez incroyable. J’étais chez moi sur le Bibbulmun Track, et j’aimais cette « maison » profondément. Cette joie de savoir que j’étais exactement au bon endroit à ce moment de ma vie me rappelait mon année en Nouvelle-Zélande, et le Bibbulmun Track avait beaucoup accentué mon attachement émotionnel à l’Australie qui avait grandi progressivement dans les deux dernières années passées sur cet immense territoire.

After an amazing section with Steph, but also Benny and Laura, I started again to hike, alone this time, after only one night in Collie. Steph was leaving for more travels, Benny was having a longer break in his adventure and Laura was enjoying an extra night of rest in Collie. I was full of energy, my heart filled with these beautiful moments spent just lately and with the comfort I seemed to have found in the last hundred kilometers or so. My body kept going with no pain, not tired, apparently wanting more. My backpack seemed light and like an extension of me, and life on the track had become incredibly natural. I was home on the Bibbulmun Track, and I loved that home profundly. This joy to know that I was exactly at the right place at this moment in my life would remind me of my year in New Zealand, and the Bibbulmun Track had increased a lot my emotional attachment to Australia, that had grown slowly in the last two years spent on this huge land. 

Après ma première journée de marche sur cette section, j’arrivai à un abris que je partageai avec un voyageur seul, randonnant dans la direction opposée. Cette rencontre eut un sens certain pour moi, et fut porteur d’une leçon importante. En effet, nous avions discuté agréablement dans la soirée, mais j’avais senti un certain niveau de négativité et de frustration chez mon interlocuteur, qui jaillissait ça et là dans la conversation. Me sentant si bien moi-même ce jour-là, ma première réaction semblait être de naturellement me protéger de cette négativité en me retirant délicatement de cette situation. Mais finalement je poursuivis la conversation en gardant le sourire le plus possible, au contraire, et en communiquant mon bonheur d’être sur cette randonnée et de vivre ainsi.

After my first day walking on this section, I reached a shelter that I shared with a solo traveler, hiking in the opposite direction. This meeting made some special sense to me and brought me some important teaching. Indeed, we had chat nicely in the evening, but I could feel a certain level of negativity and frustration on their side, that would appear here and there through the conversation. As I was feeling so good on that day, my first reaction seemed to be to naturally protect myself from his negativity and to step back slightly from that situation. But in the end I stayed and carried on with the conversation, and I kept smiling as much as possible, quite on the contrary, communicating my happiness to be on the track and live this way. 

Je montai ma tente entre les arbres, un peu à l’écart de l’abris où il s’était installé pour la nuit. Le lendemain matin, il était prêt juste avant moi et fit un petit détour par là où je remballais mes affaires avant de partir, pour me dire au revoir. Il était tout à coup rayonnant, comme reposé et apaisé après sa nuit, et il me dit simplement que j’avais raison de voyager et de randonner, que je ne le regretterais jamais et que cela avait été sa force et son meilleur refuge à travers toutes les situations difficiles de sa vie. Puis il partit avec un grand sourire que je ne lui avais pas vu la veille, me laissant là interloquée. J’y réfléchis pendant les premiers kilomètres de la journée et me rendit compte à quel point il était facile de se fermer aux autres autour de nous par crainte. Alors qu’il ne présente aucun risque, juste un peu plus de patience et d’intention, de s’ouvrir et de contribuer à aider des étrangers dans des moments un peu plus difficiles pour eux. Le pouvoir des mots, de l’attention donnée à quelqu’un, de l’attitude adoptée, peut changer, même légèrement, le niveau de bien-être de ceux qui nous entoure. Je me promis de m’en souvenir, et de ne jamais sous-estimer mon propre impact dans ce genre de situation.

I set up my tent between the trees, a bit away from the shelter where he was ready for the night. On the next morning, he was about to leave but he made a little detour to where I was finishing to pack, to say bye. He was suddenly shining, seemingly rested and more peaceful after the night, and he simply told me that I was right traveling and hiking, that I would never regret it, and that it had been his strength and his best shelter through all the hard times of his life. And then he went with a big smile that I had not seen on the day before, leaving me here, quite in awe. I thought about it on the first kilometers of that day and realized how easy it was to close oneself to others around, by fear. Beside the fact that there is no risk, only some necessary patience and intention, to open oneself and contribute to help strangers in times that might be a bit harder for them. The power of words, of the attention given to someone, of our behavior, can change, even slightly, the level of well-being of those around us. I promised to myself that I would remember it, and to never underestimate my own impact in this kind of situation. 

Confiance en soi

Self confidence

Ce jour-là, j’avais décidé de passer un camping et d’aller directement au suivant, marchant un total de trente-trois kilomètres, alors que, jusqu’à présent, mes plus longues journées sur le Bibbulmun Track ne dépassaient pas les vingt-cinq kilomètres. Je passai une excellente journée, heureuse entre les grass trees dansant dans le soleil et les cacatoès n’arrêtant plus leur spectacle au-dessus de ma tête. J’étais légère, rapide, forte. Je peinais à reconnaître cette « Soph Wow » qui craignait les douleurs et le risque de devoir abandonner il y a encore peu…

On that day, I had decided to skip a campsite and go straight to the next one, hiking a total of thirty three kilometers, when, until now, my longest days on the Bibbulmun Track had never been over twenty five kilometers. I had a wonderful day, happy among the grass trees dancing in the sun and the cockatoos constantly giving me a show. I was light, fast, strong. I could barely recognize this « Soph Wow » who was fearing pains and to have to quit still not long ago…

Ne le dites à personne, mais je chantais sur le sentier, ce que je fis assez souvent dans les jours qui suivirent. Je suis chanceuse, je ne croisai jamais personne dans ces moments… Cela me donnait de l’entrain et me faisait l’effet d’une pause intellectuelle très apaisante… Me laissant l’esprit vide et l’être connecté à la nature autour de moi et à cette expérience dans toutes ses dimensions. Je venais aussi de passer les 700 kilomètres sur la randonnée, et marquai ce nouveau point de repère de mon avancée avec des feuilles mortes en même temps que je célébrais cet automne somptueux et ensoleillé dans la forêt.

Do not tell anyone, but I was singing on the track, which I have done quite often in the following days. I am lucky, I never passed anyone in these moments… It would give me some energy and would feel like a very peaceful intellectual break… Leaving me with an empty mind and a feeling of deep connection with nature around me and that whole experience. I had also just passed 700 kilometers on the track, and I marked that new step with dry tree leaves while celebrating this beautiful and sunny autumn in the forest. 

 

C’est ce soir-là au camping de Possum Spring, où j’étais entièrement seule, que j’eus une sorte de réalisation. J’étais sereine, heureuse, et confiante. Réellement confiante. Je venais juste de me rendre compte que je n’avais plus guère de place pour le doute et les craintes. J’allais atteindre la fin du Bibbulmun Track, et voir le panneau d’arrivée à Kalamunda après une ultime journée de marche. Il restait moins de 300 kilomètres, ce qui représentait quand même une distance certaine, mais je savais enfin que j’allais y arriver. La question était plutôt de savoir en combien de jours, et il était plutôt divertissant de lancer les paris sur ce point. Cette prise de conscience me remplit le coeur d’un sourire immense, et je sentis que je venais de passer un stade important et mémorable de mon aventure, qui me changeait pour toujours et que je pouvais prendre soin d’emporter avec moi partout ailleurs à l’avenir.

It is on that night at Possum Spring campsite, where I was all alone, that I had a sort of realization. I was serene, happy, confident. Really confident. I had just noticed that I had no much space left for doubts and fears. I would reach the end of the Bibbulmun  Track, and see the sign of the northern terminus in Kalamunda after a last hiking day. I still had a bit under 300 kilometers to go, which was still a great distance in itself, but I finally knew that I would make it. The question was more to guess how many days it would take me, which was rather entertaining. This realization filled my heart with a massive smile, and I felt that I had just passed a new stage, important and unforgettable, of my adventure, changing me forever, and that I could make sure to take with me anywhere in the future. 

Paix et familiarité

Peace and familiarity

La nuit suivante, j’étais à nouveau seule au camping et allumai un feu avec plaisir, dans une paix absolue entre les arbres et sous des étoiles scandaleusement brillantes et nombreuses… J’étais connectée à tout, et m’émerveillais avec émotion de tous les phénomènes que j’avais le privilège d’observer dans ce silence, comme ce kookaburra curieux qui s’approcha à quelques mètres de moi, silencieux, majestueux, et repartit sans un bruit, n’offrant son chant qu’à l’heure convenue, comme chaque soir et chaque matin, avec ses confrères. Aujourd’hui, il n’y a aucun doute, le chant des kookaburras manque à mes journées, remplacé par celui des moteurs de voitures et d’autres bruits artificiels, à Perth… La lueur du feu et la lumière blanche de la lune et des étoiles manque à mes soirées, remplacées par les ampoules électriques qui ne m’avaient jamais parues aussi agressives que dans les derniers jours. Se réveiller dans le bruissement des feuilles, l’obscurité et le froid de la forêt, avec comme seule attente celle de la sensation brûlante du thé dans ma gorge puis l’énergie du matin venant magiquement éveiller mes muscles et porter mon corps sans peine aucune pendant les huit premiers kilomètres environ, tout cela manque, remplacé par une première prise de contact entièrement virtuelle avec mon monde, à travers l’écran de mon téléphone… Cela ne fait qu’une semaine que l’aventure est terminée, et il me semble déjà que tout cela appartient à un passé devenu presque mystérieux… Pourtant, si je me concentre, tout est encore là en moi, et je peux y revenir d’une certaine façon, ce qui est un trésor inestimable qu’il est de ma responsabilité de préserver, comme tout ce que le Walk Of Wonders m’a apporté.

On the next night, I was alone again at the campsite and lit a fire, all happy, in an absolute peace between trees and underneath scandalously shining and numerous stars… I was feeling connected to everything, and amazed about each phenomenon that I was lucky enough to watch in silence, like this curious kookaburra who came close to me, silencely, majestic, and left without a sound, offering his singing only at the usual time, each night and each morning, with his mates. Today, there is no doubt, the joyful singing of the kookaburra is missing to my days, replaced by engine and other artificial noises in Perth city… Fire light and the white glow of the moon and stars is missing to my nights, replaced by electric lights that had never seemed as agressive to me than in the last few days. Awaking in the swish of the tree leaves, in the darkness and the cold of the forest, with this only expectation of a very hot tea going down my throat, and then the morning energy awaking magically my muscles and carrying my whole body without any pain for at least eight kilometers… I miss all of this, and it has been replaced with a first contact being entirely virtual with the world, through the screen of my phone… It has been only a week that I finished this adventure, but I already feel like it belongs to a past that has become almost mysterious… However, if I focus, everything is still here inside me, and I can go back to it in a certain way, which is a priceless treasure that I have the responsability to preserve, as all I received from the Walk Of Wonders

C’est pleine de ces belles énergies et de cette paix intérieure que je parcourus les deux derniers jours de cette section. Une petite aventure qui n’était pas au programme ajouta une petite dose d’adrénaline et d’action tout à la fin cependant. Arrivant en haut d’une colline, j’aperçus du feu sur celle d’en face. Je n’avais entendu parler d’aucun feu contrôlé par les services forestiers, et m’inquiétai évidemment d’un feu accidentel qui viendrait compromettre mon avancée, voir ma sécurité. Par chance, il y avait du réseau à cet endroit précis du chemin et je parvins à trouver les informations nécessaires. Il s’agissait bien d’un feu contrôlé qui avait été décidé en dernière minute, et une déviation avait été mise en place, d’un nombre de kilomètres égal mais longeant une longue route au bord de la Murray River. Ce jour-là, pour la première fois, je décidai de camper quelques part entre les arbres, dans un environnement sécurisant et encore loin de cette fumée épaisse. Cela me donna un sentiment d’indépendance encore plus satisfaisant et j’empruntai la déviation le lendemain, décidée à rejoindre Dwellingup.

I walked through the last two days of this section full of these beautiful energies and inner peace. However, a little adventure that was not planed added a bit of adrenaline and action in the end. Reaching the top of a hill, I noticed a fire on the next one in front of me. I had not heard of any controled burn and obviously, I felt a bit worried that it would be an accidental one, potentially dangerous for the next part of my walk. Luckily, there were some reception at this precise place on the track and I managed to find the necessary information. It was well and truly a controled burn that had been decided on the last minute, and a diversion had been organised, of the same number of kilometers but taking me on the road next to the Murray River. On that day, for the first time, I decided to camp somewhere between the trees, in an environment I felt safe in and still far away from all that smoke. It gave me a satisfying feeling of independance, and I took the diversion on the next day, determined to reach Dwellingup

Après des kilomètres de marche dans la fumée, le vent transportant même des cendres qui volaient autour de moi comme des paillettes argentées et les lumières prenant des tons rougeâtres d’une beauté certaine, j’atteignis le dernier village où j’allais prendre une pause avant la dernière section jusqu’à Kalamunda. C’était un jour férié en Australie, et le camping où je restais à Dwellingup était plein. Je n’avais pas vu autant de monde depuis un mois et demi, et je pense que ça aurait été difficile pour mon moral, si je n’avais pas eu la chance, à nouveau, d’être si bien entourée. Fanny et Alex, mes amis de Fremantle, avaient fait le déplacement avec un autre couple d’amis pour passer la soirée avec moi. Alex, dont les talents de chef n’étaient plus à prouver (oui, il s’agit bien de mes talentueux copains qui ont lancé leur marque So Freo et leur pâté vegan délicieux !), avait même cuisiné un curry pour le dîner, qu’il réchauffa sur le réchaud de camping, ajoutant des grains de magie ca et là, et ravissant tout le monde. Quel bonheur que de passer du temps à leur côté, de discuter pendant ces heures précieuses avant de se préparer aux derniers 211 kilomètres qui me séparaient de la fin de cette aventure magnifique…

After kilometers hiking and breathing in the smoke, wind even bringing ashes flying all around me like silver flakes and light getting red and certainly beautiful, I reached the last town where I would have a break before the last section until Kalamunda. It was a holiday in Australia, and the campsite where I was staying was full. I had not seen that many people in six weeks and I think that it would have been a bit hard mentally, if I had not been lucky, once again, to have the greatest company. Fanny and Alex, my Fremantle friends, had been driving down with another couple of friends to spend the night with me. Alex, whose chef talents had been proven already (yes, these are my talented friends who launched their brand So Freo and their delicious vegan pate!), had even cooked a curry for dinner, on the camping stove, adding some more last minute magic here and there, and making everyone happy. It was so much happinness to be able to spend some time with them, chatting for precious hours before getting ready for the last 211 kilometers until the end of this magnificient adventure… 

Petite histoire de la section 9 : de Dwellingup à Kalamunda

Little story of the section 9: from Dwellingup to Kalamunda

Miracles et défis

Miracles and challenges

Après une journée de repos entière, puis un gros et succulent petit-déjeuner au Blue Wren Café, je quittai Dwellingup hyper motivée, portant FatBoy dans sa plus lourde version de lui-même, soit contenant environ dix jours de nourriture pour ces 211 kilomètres et plus de trois litres d’eau. J’avais réussi à parcourir les 126 kilomètres de la section précédente en seulement cinq jours. Du coup, à présent, j’avais l’intention de me lancer un petit défi. Je voulais atteindre Kalamunda en huit jours, et plus particulièrement, faire quatre grosses journées de plus de trente kilomètres d’affilées, puis finir sur quatre journées plus courtes, d’environ vingt kilomètres chacune. J’avais dit depuis le début que j’appréciais de prendre mon temps et de me détendre lors de longues après-midi au camping. Cela était toujours vrai, mais ma curiosité était plus qu’éveillée. Je savais que je n’avais probablement jamais été aussi entraînée et forte physiquement qu’à présent, et je voulais connaître la portée de cette condition nouvelle. Si je passais une hut sur deux dans les trois prochains jours, j’arriverais au total de 100 kilomètres à pieds en seulement trois jours, ce qui m’aurait paru complètement irréalisable un mois auparavant. Mais non seulement je savais que j’en étais capable, et en plus l’idée me séduisait tellement que je riais intérieurement de mon petit défi personnel.

After a full day rest and a big and delicious breakfast at the Blue Wren Cafe, I left Dwellingup extra motivated, carrying FatBoy, which was the heaviest ever, with about ten days worth of food for these 211 kilometers, and more than three litres of water. I had managed to walk the 126 kilometers of the last section in only five days. Therefore, I had now the intention to challenge myself a bit. I wanted to reach Kalamunda in eight days, amd more especially, do four big days over thirty kilometers each in a row, and then finish with four shorter days, of about twenty kilometers each. I had claimed from the beginning that I appreciated taking my time and chill out at the shelter in the afternoon. It was still true, but I was feeling very curious. I knew that I had probably never been as trained and fit than now, and I wanted to know what I was capable of in this new condition. If I would skip every second hut in the following three days, I would walk a total of 100 kilometers in three days, which would have seemed totally impossible to me just a month earlier. But not only did I know that I was able to do it, but also the idea of it was so exciting that I was laughing secretly about my own little challenge.   

Le premier jour me transporta dans un état de joie et d’excitation extraordinaire. Il commença sur des jeux de lumières extraordinaires, les rayons du matin dansant dans la brume entre les arbres, m’offrant le plus féérique moment de toute la randonnée, me donnant les larmes aux yeux et me prouvant à nouveau que, non seulement les miracles existent, mais en plus il est parfois possible de marcher à travers eux. Et il s’acheva en haut de Mont Wells, où se trouve la seule hut fermée de toute la randonnée, qui j’eus pour moi seule à nouveau. La seconde journée fut bien plus difficile, et les dénivelés furent un challenge pour mes jambes qui fatiguaient et mes pieds qui soudainement développaient des ampoules que je n’avais pas eu jusqu’à présent. Mais je poussais, malgré ce sentiment de pouvoir m’endormir debout dans les dix derniers kilomètres.

The first day gave me so much joy and excitment. It started with an extraordinary light show, morning sun rays dancing in the misty forest, offering me the fairiest moment of the whole track, bringing tears into my eyes and showing me again that, not only miracles exist, but it is also sometimes possible to walk through them. And it ended on top of Mount Wells, where there is the only closed hut of the track and where I was staying alone once again. The second day appeared to be much harder on me, and the elevation was challenging for my tired legs and my feet that were suddenly getting blisters I had not had until now. But I pushed through, beside that feeling that I could fall asleep in a standing position through the last ten kilometers. 

Le troisième jour, je partis incertaine, me disant que j’avais déjà bien avancé et pouvais camper entre les deux derniers abris s’il le fallait ce soir-là. Mais je montai le petit Mont Cooke, culminant à 582 mètres au-dessus de toutes les autres collines du Bibbulmun Track, et cela renouvela mon énergie de façon inattendue et presque extatique. J’avais eu peu d’attente sur cette petite ascension, mais en fait, aussi modeste soit cette altitude, Mont Cooke avait un charme extraordinaire, avec sa végétation qui semblait plus verte et brillante qu’ailleurs, ces gros rochers de granites éparpillés ca et là, et ces vues imprenable sur les journées passées, celles à venir et au-delà… J’étais émerveillée, heureuse, émue. Après avoir redescendu Mont Cooke, j’arrivai au camping les larmes au yeux et un sourire incessant sur les lèvres.

On the third day, I left not very confident, telling to myself that I had gone quite far already and could just camp between the last two shelters if necessary on that night. But I climbed little Mount Cooke, culminating at 582 meters above all the other hills of the Bibbulmun Track, and it renewed my energy in an almost ecstatic way. I had not had much expectation about this little summit, but actually, beside its modest height, Mount Cooke was over-charming, with a flora that seemed greener than anywhere else, these big granit rocks here and there, and these astonishing views on the last few days hiking, the ones coming next and more… I was amazed, happy, emotional. After going down Mount Cooke, I reached the campsite with tears in my eyes and a huge smile. 

Partage

Sharing

J’avais réussi mon petit défi personnel, et j’étais heureuse, vraiment. Cela avait tout de même laissé le temps aux températures de chuter à nouveau, et assez drastiquement. Je me réveillais d’une courte nuit le quatrième matin, et entrepris ma dernière longue journée fatiguée. Mais j’arrivai au bout, plutôt fiévreuse et alors que le crépuscule arrivait déjà. Près du feu de camp, un couple se réchauffait calmement. Cela me redonna la sourire. Je savais qui ils étaient, ayant suivi leurs récits dans le carnet de route disponible à chaque camping, où les randonneurs signent et racontent leur journée quand ils le souhaitent. Chris et Sue, de leur « track name » « Me and’ er ». Après m’être installée dans la nuit tombante et avoir préparé un dîner bien mérité, je fis leur connaissance à la lueur du feu, sous les étoiles, avant de sombrer de sommeil. Il restait moins de cent kilometres sur le Bibbulmun Track.

I had achieved my own little challenge and I was really happy. In between, temperatures had dropped again, quite drastically. I woke up after a short nights sleep on the fourth day, and started my last long day rather exhausted. But I did reach the end at sunset, feeling feverish. Next to the campfire, a couple was warming up in a calm atmosphere. It made me smile again. I knew who they were, as I had followed their stories in the diary available at each campsite of the track, in which hikers sign and can tell a bit about their day if they want to. Chris and Sue, their track name being « Me and ‘er ». After setting up while it was getting dark and preparing myself a well deserved dinner, I went to chat with them next to the fire, under the stars, before falling asleep in the cold night. There were less than a hundred kilometers left on the Bibbulmun Track.

Je passai les prochaines soirées avec Chris et Sue, et nous marchâmes même tous ensemble un jour. Nous avions vécue la même aventure à quelques jours près, rencontré les mêmes randonneurs, parcouru les mêmes endroits, vécu les mêmes changement de temps et de décors… Nous étions passés par des émotions similaires et arrivions tous au bout du même accomplissement… Marcher l’intégralité des mille kilomètres du Bibbulmun Track. Le contact était extrêmement bien passé entre nous et c’était génial de partager ces derniers moments ensemble et d’échanger sur nos émotions et nos sentiments qui prenaient des allures contradictoires à l’approche de Kalamunda et du retour à la vie citadine…

I spent the last few nights with Chris and Sue, and we even spent a day walking together. We had lived the same adventure just a few days apart, met the same people, walked through the same landscapes, been through the same changes of weather and scenery… We had felt similar emotions and were all reaching the end of the same achievement… Walking the full length of the thousand kilometers of the Bibbulmun Track. We had a very good connection and it was awesome to share these last moments and exchange about our emotions and mixed feelings as we were approaching Kalamunda and our return to city life… 

J’appréciais beaucoup de ne marcher qu’une vingtaine de kilomètres par jour jusqu’à l’arrivée, surtout que les températures allaient de 0 à 5 degrés ces nuits-là… Les deux derniers soirs, nous rencontrâmes également Justin et Clint, dont l’histoire de vie et l’énergie incroyable me bouleversa profondément et pour le meilleur. Comme un message pour après le Bibbulmun Track. Ils en étaient la preuve, cette randonnée s’arrêtait, mais pas le Walk Of Wonders. J’étais sur ce chemin, ce chemin de vie, en route vers ceux qui le croisaient, prête à continuer de répandre mon message et d’espérer un monde meilleur dans lequel nous nous acceptons plus facilement, avec des relations plus empruntes de compassions et d’humour, plus dépourvues de jugements et de craintes.

I was really happy to walk only about twenty kilometers per day until the end, especially as temperatures would drop between 0 and 5 degrees on these nights… On the last two days, we also met Justin and Clint, whom life story and incredible energy shaked me for the better. As a message for after the Bibbulmun Track. They were the proof that, if that hike was coming to and end, the Walk Of Wonders was not. I was on this path, this life path, on my way toward people who would cross it, ready to go on spreading my message and hope for a better world where we accept each other more easily, with relations rich in compassion and sense of humor, poor in judgements and fears. 

Wow…

J’avais accumulé dans cette expérience une force incroyable, faite de tous les apprentissages que j’avais accueillis avec joie. Parmi eux, j’avais espéré grandir dans ma confiance en moi, mon sentiment d’indépendance, ma connection à la nature. J’avais espérer sentir un calme profond dans les moments de solitude et une satisfaction dans l’accomplissement de mes objectifs. Tout cela, j’y étais parvenu au-delà de mes attentes. Mais l’apprentissage le plus important certainement, et probablement le plus évident après coup, même si je n’y avais pas pensé au démarrage était le suivant : c’était bel et bien l’amour qui était là au centre de tout, à la fois pour nous recentrer et planter nos racines profondément dans cette vie, mais aussi pour nous guider sur notre chemin toujours mouvant, jamais statique, toujours changeant. Ce message, je l’avais reçu des conversations avec tous les randonneurs qui avaient croisé ma route dans les sept dernières semaines, mais aussi des rêves dans ma tente qui me ramenaient sans cesse à ma famille et plus particulièrement à mes parents, et des pensées apaisées qui m’avaient liées aux personnes qui habitaient mon coeur. J’avais compris à quel point ce lien n’a pas de temps attaché, ceux que j’aime restant ancrés à mon présent, peu importe si j’étais en relation avec eux dans cette vie en ce moment, s’ils faisaient partis de mes souvenirs lointains, s’ils occupaient mes rêveries concernant mon avenir ou même s’ils avaient quitté ce monde avant moi. Ces gens que j’aimais profondément étaient tous là avec moi, et ne partiraient jamais. Non, je n’avais pas marché seule sur le Bibbulmun Track, et en cela, je ne me lasserais jamais de l’appeler mon Walk Of Wonders, ou peut-être en français, mon Sentier Aux Merveilles… Merci. Infiniment. J’ai atteint Kalamunda, et j’ai atteint le wow.

I had gathered an unbelievable strength through this experience, made out of all the learnings I had welcome with joy. Among them, I had hoped that I would grow in my self confidence, my feeling of independance, my connection to nature. I had hoped that I would feel a deep calmness in the moments of solitude and a satisfaction in achieving my goals. In all of this, I had succeeded beyond expectations. But the most important learning, without a doubt, and maybe the most obvious after all, even if I had not thought of it in the first place, was this one: love was well and truly in the center of it all, to focus and plant our roots profundly in this life, but also to guide us on our constantly moving and changing path. This message, I had received it from all the conversations with the hikers I had met on the previous seven weeks, but also through the many dreams in my tent taking me back constantly to my family and especially to my parents, and through the gentle thoughts that had made me feel connected to the beings who inhabit my heart. I had understood how much this connection had no time frame attached, those whom I love being anchored in my present, no matter if I was in relation with them in the current period of my life, if they were part of my daydreams about my future or even if they had left this planet before me. These beings I loved profundly were all here with me, and would never leave. No, I had not walked alone on the Bibbulmun Track, and that is why I would never have enough of calling it my Walk Of Wonders… Thank you with all my heart. I reached Kalamunda, and I reached the wow. 

Je vous laisse avec mes photos préférées de ces deux dernières sections, à bientôt pour de nouvelles aventures !

I leave you with my favorite pictures of these last two sections, until the next adventures!

 

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