Le Lac Waikaremoana, merveille cachée dans l’île du Nord

Randonnée autour du Lac Waikaremoana

Voilà déjà plus d’un mois et demi que je voyageais en Nouvelle-Zélande quand j’ai entrepris ma deuxième « great walk » : celle qui tourne autour du Lac Waikaremoana. Certes, la première « great walk » m’a laissé un souvenir impérissable, entre les volcans du Parc National du Tongariro… Mais aussi célèbre que soit cette dernière, la prochaine est au contraire moins connue, plus retranchée entre les confins de la côte Est de l’île du Nord et son territoire central. Un lac sur l’île du Nord ? Vous me répondrez certainement Taupo. Mais il y a aussi ce trésor, lac majestueux, immense, tortueux, sauvage… Le Lac Waikaremoana. En général, quand j’en parlais autour de moi, les autres voyageurs ne savaient pas de quoi il s’agissait. Moi ça m’intriguait, et j’avais vu qu’il faisait partie des neuf great walks du pays, ces randonnées exceptionnelles et rendues accessibles par le beau travail du DOC (Department of Conservation) de Nouvelle-Zélande. J’avais eu la chance de rencontrer Zach quelques jours plus tôt, et nous sommes donc partis ensemble à la conquête de ce territoire.

Jour 1 : le Lac Waikaremoana vu d’en haut

Il y a mille façons de vivre cette randonnée. Il y a cinq huts (refuges) et cinqs campings répartis sur ces 46 km. Nous avons choisi de partir d’Onetopo, et de marcher trois jours, avec donc deux nuits sous huts. Comme le départ et l’arrivée ne sont pas au même endroit, vous n’avez pas trop le choix et devez réserver un taxi afin de rejoindre votre voiture. C’est important à savoir, car le coût du taxi n’est pas négligeable…

Une plante du Lac WaikaremoanaNous avons donc choisi de passer notre première nuit à Panekire Hut, que nous avons atteint après quatre heures de montée à un rythme plutôt intense. Zach était plein d’énergie et je me suis mis en tête de ne pas me laisser distancer, mais j’avoue que ça m’a coûté de la sueur et que j’atteignais chaque courte pause le souffle court. En parlant de ces pauses… Qui dit montée dit points de vue, et nous étions de plus en plus épatés à mesure que nous accédions à des paysages époustouflants depuis les hauteurs du Lac Waikaremoana. Quel délice… Soleil sur le Lac WaikaremoanaIl faisait un temps radieux, nous étions seuls au monde sur cette randonnée magnifique, le soleil dansait entre les arbres et inondait les eaux paisibles du lac. Il n’y avait pas une habitation à l’horizon, et nous entendions de temps à autre le moteur d’un petit bateau de pêche. Les activités touristiques de tout genre et les hôtels étaient absents du paysage. Il n’y avait que cette étendue d’eau infinie, qu’embrassaient des bras de terre sauvages et recouverts d’une végétation verte impénétrable. Et il y avait nous, en haut de ces falaises, éberlués, heureux.

Le Lac Waikaremoana vu d'en haut

Coucher de soleil sur le lacPeu de temps après notre installation dans cette hut perchée sur les hauteurs, nous sommes ressortis pour profiter du spectacle sublime d’un coucher de soleil parfait sur le lac. On était quelques uns à faire claquer les détonateurs de nos appareils photos, et à sourire, comme les complices d’un secret qui restera entre nous, marcheurs de ce jour-là autour du Lac Waikaremoana…

Cette hut est rudimentaire et la seule lumière provenant des petites bougies posées sur les tables et des lampes frontales des randonneurs, nous nous sommes bientôt retrouvés à nous endormir dans nos sacs de couchage vers 20 heures… Plus un bruit, les conversations animées et les jeux de carte avaient cessé, tout le monde se préparait au lendemain.

Jour 2 : un sentier moins paisible qu’il n’y paraît

Je me suis réveillée en pleine forme, et en sortant de la hut (oui, il faut mettre les doigts de pieds dehors pour accéder aux toilettes dans ces marches néo-zélandaises…) j’ai découvert ce beau spectacle du lac caché sous un duvet de nuages, que les lueurs de l’aurore rendaient si apaisants… J’étais ravie, cette deuxième journée commençait à merveille.

Nuages sur le lac

Matin brumeuxNous sommes partis relativement tôt, avant la plupart des marcheurs, au calme. Le début était facile, et alternait entre plat et descente. Les points de vue étaient plus rares, mais la forêt qui nous entourait nous ravissait d’elle-même. Et puis nous sommes arrivés sur la rive de notre beau lac. Nous y avons fait une pause, pendant laquelle la brume a décidé de se dissiper peu à peu… J’ai profité de ce spectacle matinal dans un calme imperturbable. La suite de la journée s’annonçait facile, et le terrain plat. Mais c’était méconnaître les surprises de cette randonnée plus ardue qu’elle n’y paraît. Nous avions prévu de parcourir une vingtaine de kilomètres ce jour-là, et finalement nous n’avons fait que monter et descendre, suivant un chemin des plus boueux, sinueux, étroit, et couvert de racines et de pierres obligeant à faire de gros pas, faisant grogner mon genou récemment opéré… Mais je ne lâchais pas, j’étais en forme et je menais l’allure fièrement cette fois-ci. J’ai crié victoire intérieurement quand mon compagnon de route a enfin réclamé une pause… Il ne fallait pas me provoquer la veille, la petite Française a le coeur d’une championne sous son allure de fillette !

Cascade de KorokoroCe jour-là, nous pouvions emprunter un petit sentier additif jusqu’à la cascade Korokoro, très agréable, le long d’une rivière. Nous avons choisi de déjeuner face à cette jolie cascade. C’est là que nous avons rencontré Alanna, Moustafa et Matias, trois autres jeunes marcheurs. Ensuite, nous les avons croisés plusieurs fois dans l’après-midi, nous doublant sans cesse les uns les autres. Nous avons donc passé la soirée tous ensemble dans la hut suivante, Marauiti Hut, petite et vétuste. Fatigués mais ravis de notre journée, nous avons partagé un dîner dans la bonne humeur, tels les cinq jeunes voyageurs étrangers que nous étions, tous loin de chez nous, nos téléphones éteints, loin de la civilisation et de notre confort coutumier. Heureux.

Rivière près du Lac Waikaremoana

Jour 3 : ce beau lac qu’il faut déjà saluer

Randonnée dans la natureLors de ce dernier jour de randonnée autour du Lac Waikaremoana, j’ai laissé Zach reprendre la tête avec son nouveau compagnon Moustafa, et je suis restée en arrière, au rythme plus convenable de Matias et Alanna. Je me suis réveillée bien en peine, le genou gonflé et douloureux, pour la première fois depuis mon périple en Nouvelle-Zélande. Je me suis fait opérée après une rupture des ligaments croisés il y a un an, alors je suppose que je dois parfois modérer mon enthousiasme pour ces randonnées intenses. J’ai beau me dire que j’ai une chance incroyable de pouvoir vivre ces moments sublimes à la force de mes jambes, ce matin-là je suis partie déçue et bougonne, un peu en retrait. Et puis ça n’a pas duré. Une fois mes muscles chauds, mon genou était moins douloureux. Le soleil est revenu caresser mes épaules et ma nuque et mes yeux se sont posés sur ce lac dont la sérénité m’a envahie une fois de plus. J’ai retrouvé mon enthousiasme et la compagnie de Matias et Alanna m’a rendu toute ma bonne humeur. A la fin du parcours, un petit bateau, notre « water-taxi », nous attendait afin de nous conduire jusqu’à nos voitures.

Ce beau lac

J’étais presque triste dans ce petit bateau. J’ai salué cet endroit parfait avec amitié. Parce que marcher trois jours autour d’un même lac, c’est établir cette connexion unique avec lui, développer une affection toute particulière pour la forêt qui l’entoure, les cygnes noirs qui y vivent paisiblement, la brise qui le réveille, les nuages qui s’y couchent. Fleur rouge sur le lacMarcher trois jours ici, c’est apprécier ce silence presque sacré, c’est sentir cette humidité verte et boisée, c’est choisir les racines sur lesquelles poser son pied. Marcher trois jours autour du Lac Waikaremoana, c’est vivre en Nouvelle-Zélande, intensément, de tout son être. Dans un camping, quelqu’un m’a dit, la veille de cette randonnée, qu’il ne voyait pas l’intérêt de marcher trois jours autour du même lac, et que ça devait être très long et ennuyeux. Je lui souris de loin aujourd’hui. Ce lac est mon ami maintenant, plus qu’un nom sur la carte, plus qu’un point de vue depuis la fenêtre ouverte d’une voiture, plus que toutes les photos que j’ai prise en trois jours.

A propos, je vous livre ces clichés comme à chaque fois, dans l’album photo qui se trouve juste ici !

Mon Lac Waikaremoana

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Ile du Nord

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2 Comments

  1. 1

    Faire des randos de 3-4 jours et grimper sur un volcan avec un genou recemment opere, c’est deja pas mal!!! :p
    Ton article m’a trop donne envie de repartir a l’aventure ca me manque tellement!!! Mais il commence a faire vraiment froid et j’ai peur que mon mince sac de couchage soit trop juste pour faire des randos overnight … enfin on verra!! je retenterai le coup des qu’on aura un bon creneau meteo haha!
    Bisous!

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