Ngauruhoe, Ruapehu, au sommet de l’Ile du Nord

Ascension du Mont Ruapehu

Oui, s’il y a bien une chose dont il faut que je vous parle, c’est de cette envie folle qui m’a prise de vouloir grimper tout en haut de ces deux volcans majestueux : le Mont Ngauruhoe et le Mont Ruapehu !

Folie numéro 1 : le Mont Ngauruhoe

Au pied du NgauruhoeLe Mont Ngauruhoe, ou Montagne du Destin, Mount Doom, dans le Seigneur des Anneaux, c’est ce cône parfait et charismatique, posée là au milieu du Parc National du Tongariro… Il fait venir des voyageurs des quatre coins du monde, et cela vous démange d’y grimper quand vous passez à ses pieds lors de la célèbre randonnée du Tongariro Alpine Crossing

En mars dernier, au début de mon périple en Nouvelle-Zélande, j’ai eu deux fois l’occasion de faire cette ascension, mais chaque fois j’ai été la seule du groupe à ne pas y aller, à continuer la randonnée seule pendant que mes camarades de route s’éclataient tout en haut. Je n’ai pas de regret, je n’étais pas prête, pas confiante, et je crois que je n’aurais pas profité de l’expérience avec cette boule d’angoisse dans le ventre.

Il s’élève à 2291 mètres et après la terrible montée des escaliers du diables, il vous reste 800 mètres de dénivelé à grimper sur la pente la plus raide qu’il vous est donné d’imaginer… Sans un arbre, un brin d’herbe, une racine à laquelle vous accrocher… Juste ces pierres volcaniques rouges, noires, jaunes, menaçantes, se détachant de la montagne toutes les secondes, vous faisant déraper à chaque pas…

Alors quand je suis revenue près de deux mois plus tard, après avoir parcouru l’île du Nord et vécu toutes ces belles aventures dont je vous ai déjà parlé, j’ai levé la tête et j’ai réalisé que cette fois-ci, ce n’était pas la crainte qui me tordait les tripes, mais ce fourmillement, l’adrénaline sous-jacente, la certitude d’être prête, l’impatience d’y aller… Je suis revenue dans cet endroit sublime pour y travailler, donc m’y arrêter quelque temps et commencer une nouvelle page de mon voyage. Je vous en reparle prochainement. Peu de temps après mon arrivée, j’ai réussi à embrigader l’un de mes collègues et nous nous sommes fixé rendez-vous par un beau dimanche. Comme nous travaillions tous les deux le matin, nous avons commencé à marcher assez tard, vers 13h.

Le Mont NgauruhoeLes escaliers du diable avalés le plus rapidement possible (et ce n’était déjà pas un moindre effort en soi), nous avons fait une pause au pied de notre volcan, le temps de grignoter un sandwich. Et là, impossible de m’asseoir, j’avais la bougeotte, les yeux rivés sur cette pente… Plus je la regardais, moins je ne comprenais… Comment peut-on grimper là-haut ? C’est beaucoup trop raide, trop volcanique, trop haut, trop dangereux, trop… Bon ok, ok, d’autres l’ont fait, pas plus préparés que moi, pas forcément plus sportifs ou expérimentés… Ok… On s’est vite mis en route, avant que je n’aie le temps de me défiler…

Le blue lakeL’excitation nous poussait, Tyson et moi. On commençait à prendre de l’altitude… On est passés par un passage où de grosses pierres fixes nous permettaient de grimper plutôt que de déraper sans cesse dans le gravas. C’est Simon, qui travaille au Visitor Center de Whakapapa, qui m’avait conseillé d’emprunter ce « chemin » à l’aller. C’était dingue, plus on montait, plus l’adrénaline me saisissait. J’ai alors réalisé que je ne pouvais plus revenir en arrière, puisque ce serait bien trop dangereux de descendre par là. J’utilisais mes bras presque plus que mes jambes, et chaque fois que je tournais la tête pour voir le paysage, un mélange de vertige, de peur, d’émerveillement et de fierté me transperçait. C’était géant, génial, inimaginable.

Et puis il y a eu ce moment où j’ai choisi un côté plutôt qu’un autre… Apparemment j’ai fait fausse route car Tyson et les quelques autres fous rencontrés en chemins étaient hors de vue. Je me suis sentie un peu seule, et l’ascension s’est compliquée. Soudain, mon pied a dérapé, juste assez pour que mon coeur fasse un bond démentiel dans ma poitrine. Je me suis retrouvée pétrifiée contre la roche. Heureusement, Laura, que j’avais rencontrée quelques minutes plus tôt, n’était pas loin, elle aussi agrippée… Elle m’a aidé en me parlant tranquillement, et en me rassurant. J’ai alors repris mes esprit, j’y étais presque… Les derniers mètres ne furent pas des plus faciles…

Sur le cratèreMais peu importe, car soudain, j’y étais, debout sur le bord de ce cratère géant, rouge, terrifiant, somptueux ! Et cette vue… J’ai regardé en bas, fière de tout ce que je venais de grimper… J’avais envie de pleurer et de rire à la fois, j’étais tellement, tellement, heureuse. C’était une révolution… J’étais contente de partager cette émotion avec Tyson et les autres voyageurs que nous venions de rencontrer. L’ambiance était euphorique

Vue d'en haut

Descente du NgauruhoeNous avons traîné un peu au sommet, le temps de faire des photos et d’avoir le vertige de notre vie, puis nous avons entrepris la descente, alors que le coucher de soleil nous rattrapait déjà. C’était plutôt marrant, il fallait tout dévaler entre les pierres, je suis tombée probablement plus de vingt fois, nous riions, nos jambes étaient fatiguées…

Et sur notre gauche, le soleil orange explosait sur ce paysage de rêve, colorant les nuages et nous offrant cette sensation d’être si privilégiés… Nous somme retournés jusqu’au parking dans la bonne humeur, lampe de poche à la main, la nuit paisible nous félicitant pour notre prouesse… J’ai toujours du mal à y croire, mais je l’ai fait !

Crépuscule sur le Ngauruhoe

Folie numéro 2 : le Mont Ruapehu

Deux jours plus tard, nous nous sommes réveillés aux aurores, Tyson, Malte et moi, pour aller encore plus haut… Au sommet du Mont Ruapehu, le point culminant de l’île du Nord, qui s’élève à 2 797 mètres d’altitude. Son petit frère m’avait donné toute l’énergie et la confiance dont j’avais besoin, et j’ai commencé cette journée avec beaucoup d’enthousiasme. Nous nous sommes vite révélés être une très bonne équipe, Tyson et Malte argumentant sur la route à emprunter (plutôt ces pierres-là ou celles-ci ?), moi me contentant de les suivre, confiante.

Petits dans un grand paysageC’était vraiment l’aventure, aucun chemin tracé, aucun indice, juste ces amas de pierres partout, ce territoire du Mordor comme on le voit dans le Seigneur des Anneaux, quelques orcs nous guettant sûrement quelque part. Heureusement Malte et Tyson étaient déjà venus faire une partie du chemin et connaissaient un peu l’endroit. A un moment, un énorme bruit sourd a retenti et nous avons tous fait un bond de trois mètres. Tyson était tout effrayé « Is that an eruption ? Is that an eruption ? » C’était drôle… Non, ce n’était pas une éruption, juste les travaux sur les pistes en contrebas. A vrai dire, le niveau d’alerte avait augmenté dans les jours précédents et les scientifiques avaient constaté une augmentation de la température du lac du cratère… Alors oui, on redoutait un peu une éruption et on en parlait aux alentours… Mais ce n’était pas pour aujourd’hui !

Le cratère du RuapehuLa température descendait à mesure que nous montions, jusqu’à devenir glaciale arrivés au sommet. Nous avons marché sur des glaces éternelles, grimpé les derniers mètres, et découvert un décor à couper le souffle… Le sommet de ce volcan est incroyable… Le lac semblait paisible, il est difficile d’imaginer qu’une éruption puisse soudainement exploser ici… Et pourtant ce décor sans végétation, surplombant un paysage marqué par des coulées de laves passées, a vraiment quelque chose de menaçant.La vue depuis le Mont Ruapehu Nous avons pris quelques photos et avalé nos sandwichs, aussi glacés qu’heureux, puis nous avons attaqué la descente. Nous avions maintenant la vue sur le Mont Ngauruhoe, qui semblait soudainement plus petit depuis là-haut, mais toujours aussi beau et irréprochable. Nous avons assez vite retrouvé une température convenable. J’ai descendu entre les pierres avec beaucoup de classe et d’élégance, la plupart du temps en me laissant glisser paresseusement, parce que ça marche vraiment rien, un peu en mode toboggan… J’ai suggéré une autre route et cette fois-ci c’est moi qui ai simplifié notre périple. Non, je n’avais pas vraiment envie de repasser par cette glace incertaine… Les pierres rouges et lisses semblaient irréelles de ce côté, c’était très différent. La vue était encore et toujours splendide…

Entre les pierres du Mont Ruapehu

Le Mont Taranaki

Au loin vers l’Ouest, le Mont Taranaki nous narguait au-dessus des nuages. Il est très beau aussi celui-ci, et il me donne vraiment envie de le grimper… Probablement pour une prochaine fois… Il y a quand même bien quatre heures de route pour l’atteindre, mais c’est en projet. Eh oui, ces expériences fabuleuses ont un côté addictif…

 

 

En quelques jours, j’ai grandi, mûri, gagné en confiance en moi… J’en ai pris plein les yeux, accompagnée de deux personnes adorables… Je ne vois plus ces montagnes de la même façon. Il y a cette sorte d’affection qui s’est développée lors de notre ascension. J’ai appris à connaître mes volcans de plus près, et je les aime pour ce qu’ils m’ont apporté…

Je vous laisse profiter de ces quelques photos souvenirs, même si elles ne rendent pas justice à la beauté de ces paysages exceptionnels.

Ruapehu en équipe

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