Le Parc National du Tongariro, une semaine dans le Mordor…

Mont Ngauruhoe dans le Parc National du Tongariro

Voyage en terre volcanique…

Vue sur le Mont NgauruhoeAprès ces deux semaines sur les plages somptueuses du Northland, j’ai pris le bus un jour de pluie (oui il fallait bien que la pluie me rattrape…) pour me rendre à Whakapapa. Ce village culmine à 1150 mètres d’altitude, ce qui en fait le plus haut village résidentiel du pays ! Il accueille les skieurs en hiver et les marcheurs en été. Quelques maisons, un office de tourisme (ou I-site), deux hôtels, un camping, deux bars… et des paysages à couper le souffle, avec le Mont Ruapehu d’un côté, le Mont Ngauruhoe de l’autre, et le Tongariro pas loin…

Le Red Crater

J’y avais rendez-vous avec Amandine, qui m’avait proposé une mission de volontariat dans le Parc National du Tongariro. Pour moi l’occasion était parfaite puisque cette mission se déroulait juste avant la randonnée de quatre jours que j’avais prévue ici. Il s’agissait simplement de réaliser une enquête auprès des randonneurs du Tongariro Alpine Crossing, la randonnée d’une journée la plus célèbre et la plus fréquentée du pays. Ce sont des centaines et parfois jusqu’à 2000 personnes qui foulent ce parcours tous les jours. Nous étions donc une équipe de six personnes sur cette mission, et nous ne travaillions que le matin, dans une ambiance joyeuse. C’était top. J’ai eu la chance de profiter d’une journée ensoleillée pour faire une partie du Tongariro Alpine Crossing après les enquêtes ! Je savais que j’allais la refaire lors de la randonnée de quatre jours, qui s’appelle le Tongariro Nothern Circuit, mais je voulais n’avoir aucun regret si jamais le temps s’avérait moins bon. Et j’ai eu un bon instinct, puisque trois jours plus tard, le magnifique passage près du Red Crater et des Emerald Lakes était plongé dans les nuages.

Tongariro Alpine Crossing, les Emerald Lakes

La végétation du Tongariro

C’est donc absolument émerveillée que j’ai passé cette journée à marcher. Comment dire… Ces roches aux couleurs multiples, cette végétation incomparable, ces effluves de souffre, ces fumerolles, ces lacs émeraudes, ce volcan parfait qu’est le Mont Ngauruhoe (prononcez : « Na-ourou-roé »)… Je n’ai jamais rien vu de semblable. Et même si j’ai un excellent souvenir des volcans du Costa Rica, le site est absolument incomparable…Les pierres du Parc National du Tongariro

La beauté volcanique a ce côté majestueux et intimidant qui vous rend tellement humble. Ces volcans crachent du feu, et sont encore actifs… Le Red Crater, qui porte bien son nom, a une allure presque diabolique. C’est probablement l’une des raisons pour lesquelles les La cascade TaranakiEmerald Lakes, que l’on découvre en contrebas de ce même cratère, ont un côté si apaisant et jovial…

C’est sous ce même soleil que je suis allée à la découverte d’une jolie cascade le jour suivant, Taranaki Falls, et que je me suis promenée dans les alentours en attendant le lendemain avec impatience, début d’une aventure de quatre jours…

Le Tongariro Nothern Circuit, quatre jours inoubliables…

Paysages du Tongariro

Leçon n°1 : trouver l’équilibre en marchant avec un sac de randonnée

Sac de randonnée dans le Tongariro

Avec le sac de randonnée, même allégé des quelques kilos inutiles laissés à l’hôtel, je me sentais plus lourde, plus lente, moins confortable… Oui je sais, c’est tellement évident ! Mais il faut l’expérimenter ! Et même si j’avais déjà passé trois semaines à trimballer mes affaires sur mon dos, c’était la première fois que j’allais marcher quatre jours de suite avec lui.

Premier jour du Tongariro Nothern CircuitAlors voilà, je suis partie avec mon premier compagnon de route, Adam, Canadien qui voyage seul avec un Visa Vacances Travail… Drôle d’idée me direz-vous ! Le premier jour de cette Great Walk n’était pas très long, mais j’étais contente de ne pas être seule pour affronter les quelques obstacles minimes qui se sont présentés (trous, bosses, descentes, mini ravins, ponts…) et aussi pour partager le plaisir de ce soleil sur ce paysage atypique, entre brousse sèche, petits buissons, collines, rivières et ces montagnes au loin… Il y a neuf Great Walks en Nouvelle-Zélande, qui sont simplement des marches sur quelques jours dans des endroits exceptionnels…

Mangatepopo Hut, Parc National du TongariroLe Mont Ngauruhoe était là, sur notre droite, surplombant cette vallée avec fierté. C’était excitant de penser qu’on allait lui tourner autour pendant quatre jours, et vivre avec d’autres randonneurs, dormir dans des huts, manger les quelques victuailles que nous avions acheté pour l’occasion… Les huts, en Nouvelle-Zélande, sont comme des refuges de montagne. Des matelas sommaires déposés les uns à côté des autres, sur deux étages, une cuisine rudimentaire, des toilettes sèches, pas de douche, pas de prise électrique… Bonnes odeurs (ou pas), nuits silencieuses (ou pas), ambiance conviviale (absolument !), réutilisation du pot de pâtes chinoises au boeuf pour se faire un thé à la menthe (oui, oui)… Le bonheur, sans aucun doute !

Alors voilà, c’était émouvant de découvrir notre première hut, de son joli nom maori Mangatepopo ! Les campeurs étaient en train de s’installer juste à côté (les plus courageux dorment sous tente lors des Great Walks, et les frileux dans les huts). Il m’a fallu peu de temps pour rencontrer Christian, que j’avais contacté par Facebook, puisqu’il voulait lui aussi faire cette marche. Il est Allemand et voyage… seul ! Et en fait, grâce à Facebook et au site du Couchsurfing, il a été mis en relation avec d’autres voyageurs. Du coup nous nous retrouvons à six, tous voyageant seuls… Il y a aussi Héloïse, Française, Laura, Ecossaise, et Federico, Argentin.

Coucher de soleil sur le Tongariro

Leçon n°2 : trouver le sourire en partageant avec simplicité

Les copains du Tongariro Nothern CircuitJe savais déjà le faire, bien sûr, comme tout le monde… Mais pendant ces quatre jours, la vie de groupe avec mes nouveaux copains m’a gonflée de bonheur et d’énergie. Federico, l’Argentin, a partagé avec nous une tradition qui lui tenait à coeur, à savoir boire du maté, une sorte de thé qui se partage en se passant le petit bol spécialement conçu pour le maté. Nous avons cuisiné des pâtes, des soupes déshydratées, échangé des barres de céréales tous les jours. Savoureux me direz-vous, mais qu’importe, j’échange dix repas gastronomiques seule contre un seul de ces dîners avec eux, toute notre nourriture étalée sur la table, à mélanger confiture et sauce tomate et à rire ou discuter…

Le deuxième jour fut le plus long et le plus magnifique, reprenant en partie ce parcours que j’avais réalisé quelques jours plus tôt. Nous sommes partis à 6h30, afin d’être en avance sur la horde de marcheurs du Tongariro Alpine Crossing… Et c’était plaisant, avec nos lampes de poches, de se sentir comme la Compagnie de l’Anneau en territoire du Mordor. L’aube sur ces « Escaliers du Diable » était splendide…

L'aube sur le Tongariro

Le mont NgauruhoeMes copains ont tous décidé de grimper le Mont Ngauruhoe, la Montagne du Destin… J’ai renoncé pour ma part, ne me sentant pas prête à affronter cette descente raide à glisser dans les graviers et les pierres du volcan… J’ai donc continué et j’ai croisé Justine, qui faisait la marche d’une journée toute seule. Nous nous sommes retrouvées dans les nuages, et j’étais un peu inquiète pour mes copains sur leur volcan…

 

Oturere HutNos chemins se sont séparés avec Justine et j’ai alors continué seule sur le parcours du Tongariro Nothern Circuit, dans un décors qui m’a sacrément donné envie de rire, pleurer, chanter, me taire, danser, courir, rester immobile, tout à la fois ! Je n’entendais que le son de quelques pierres dévalant les montagnes de temps en temps. Et c’est tout. Pas d’oiseau ici, aucun animal… C’en était presque inquiétant… J’ai adoré marcher seule dans ce territoire dantesque, et découvrir Oturere Hut dans ce décor, accueillante. J’ai aussi adoré retrouver mes copains peu de temps après, épuisés par leur effort mais ravis d’avoir découvert le soleil au-dessus des nuages et le cratère du Mont Ngauruhoe.

Paysage lunaire du Tongariro

Leçon n°3 : Quand tu n’as pas le choix de faire quelque chose, il te reste un choix : le faire en souriant ou en ronchonnant

En fait, c’est la leçon la plus importante de ces quatre jours. En effet, après une nuit des plus ressourçantes, la pluie nous a accueillis ironiquement le lendemain matin… Il nous restait deux jours de marche, mais deux journées assez brèves, l’une de 3 heures et l’autre de 5 heures, avec une nuit à Waihohonu Hut au milieu. Et nous avons donc passé ces deux jours sous la pluie, et même la pluie battante… Trempés au point d’en devenir imperméables selon mon pote Argentin (oui forcément, à partir d’un certain moment l’eau n’entre plus…).

Waihohonu HutAlors je n’ai pas pris beaucoup de photos, mais qu’est-ce que j’ai pu rire ! La soirée à Waihohonu Hut fut inoubliable, nous avons joué comme des enfants, et je me suis plongée dans de longues discussions avec mes nouveaux amis. Le lendemain, la motivation me manquait, et c’est Federico qui m’a réellement tirée de mes marmonnements… Il ne faisait que chanter et sourire, il n’avait pas de veste de pluie, tout comme Adam, le Canadien… Oui il y a des gens comme ça… Mais ces deux-là ont mené le reste du groupe. En fait, je les ai tous trouvés géniaux, et l’ambiance était parfaite. Il a fallu traverser trois rivières, et la dernière m’effrayait pas mal, je dois l’avouer… Mais nous avons spontanément fait une chaîne humaine, et malgré mes pieds gelés j’étais tellement heureuse de cette connexion entre nous et de ce super moment à s’entraider dans la bonne humeur…

Bien sûr l’arrivée fut divine, et particulièrement la douche chaude à l’hôtel ! Nous avons mérité un bon plat chaud et quelques verres ce soir-là ! J’étais déjà nostalgique, prête à recommencer ces quatre jours dès le lendemain.

En écrivant cet article, je pense à Laura, Héloïse, Adam, Christian et Federico… Une équipe proche de la perfection. Une rencontre inestimable.

Merci les amis, mille fois merci !

Toutes mes photos en grand format sont par ici, dans l’album préparé juste pour vous !

Randonnée dans le Parc National du Tongariro

Partager ce récit

Ile du Nord

Vous aimerez aussi

6 Comments

  1. 1

    Heya!
    Super article 🙂
    Moi aussi je suis contente d’avoir fait ta connaissance, et merci encore de ton aide pour le volontariat! Puis tu as l’air d’avoir eu une sacré expérience durant le Northern Circuit malgré la pluie! Pour moi le parc du Tongariro reste le meilleur endroit de l’ile du Nord.

    Merci également pour la cace-dédi héhé, je te souhaite bonne continuation chère amie backpackeuse et collègue blogueuse 🙂
    Amy B Dlm Articles récents…Les risques naturels en Nouvelle-Zélande – Part I : Les Volcans

  2. 3
    • 4

      Coucou à tous les deux et Clément ! 🙂 Pas besoin d’avoir 30 ans de moins… Aujourd’hui je suis hébergée par une femme de 70 ans, adorable, et elle a fait cette rando, elle a même grimpé des montagnes enneigées, fait 4 jours de kayak, parcouru 80 km de vélo en un jour… Tout cela dernièrement… Et il y a des gens de tous les âges sur les randos de la Nouvelle-Zélande ! Venez, vous verrez 😉 !

  3. 5

    Coucou !
    Les 3 leçons que tu tires de cette expérience sont très belles… Et m’ont touchées !
    Choisir …le sourire !
    Partager…avec le sourire
    Mais celle que je trouve si belle, c’est la première, que j’ai ainsi reçue … comprise à ma manière : même chargé d’un lourd fardeau, d’abord chercher et trouver son équilibre pour avancer vers la beauté du monde et de la vie !
    Merci … Je te l’écris avec…le sourire !

    • 6

      Effectivement… Et je crois que ce sont les gens merveilleux que l’on rencontre au long du chemin qui rendent ce fardeau beaucoup beaucoup moins lourd à porter ! Prochain article très bientôt 😉 de gros bisous en attendant !

Répondre à Corinne & Alain Annuler la réponse

Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués par une étoile *

Vous pouvez utiliser ces balises HTML et ces attributs: <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>