Pour la paix…

Se réveiller ce matin en Nouvelle-Zélande, après une soirée de 14 juillet 2016 festive et bon enfant. Se réveiller et apprendre sur les réseaux sociaux que des dizaines de personnes sont mortes à Nice, tuées par un monstre, en plein feux d’artifice lors de notre fête nationale. Ne pas comprendre, ne pas vouloir comprendre, une fois de plus, l’horreur qui a sévi et continue de sévir.

Je n’écris pas pour parler politique, même si mille choses me traversent la tête, même si j’aimerais parler politique, j’aimerais qu’on en parle vraiment, de ce qu’il se passe partout dans le Monde, des conflits qu’on ne comprends pas parce qu’on ne nous a pas tout expliqué, parce qu’il y a une montagne de faits, de relations internationales, de secrets diplomatiques, de complots, de transactions, de massacres, etc. dont on ne sait absolument rien. J’aimerais qu’on arrête de nous pourrir le crâne avec toutes ces images choquantes et qu’on soit capable de parler intelligemment de notre Monde et de ce qu’il s’y trame, non pas depuis quelques années mais depuis des décennies, et à vrai dire depuis des siècles. J’avais envie de pleurer en cours d’histoire au lycée, aujourd’hui j’ai envie de pleurer devant la télé. Et j’aimerais qu’au lieu d’avoir envie de pleurer tous dans notre coin derrière nos écrans, on puisse se rassembler pour parler, apprendre, mettre un peu de lumière dans la noirceur de ce monde.

Mais avant de pouvoir parler politique, culture, histoire, intelligence, avant d’arriver à ce stade de l’intelligence et avant d’être capable d’apporter la moindre solution ou le moindre espoir dans ce désastre humain, nous avons une étape à franchir qui n’est pas des moindres…

L’intelligence, le savoir, et la raison ne peuvent être apportés que par un vecteur. Ce vecteur, il est, paradoxalement, émotionnel. Nous n’apprenons que ce que nous souhaitons apprendre, évidemment. Alors pouvoir apprendre le monde, pouvoir comprendre ce qu’il s’y passe, pouvoir regarder son voisin avec intelligence et discernement, cela n’est possible qu’après avoir mis ses sentiments en jeu, qu’après avoir eu envie d’apprendre sur autrui et sur le monde, qu’après avoir ressenti cette émotion positive, et appelons-la ainsi, cet amour.

Je ne crois en aucun Dieu aujourd’hui, mais je crois en une force immense qui nous gouverne et peut nous amener vers un Monde glorieux et superbe, dans un idéal que nous ne sommes malheureusement pas prêts d’atteindre. Cette force est cette capacité que nous avons d’aimer. Est-ce qu’aimer s’apprend ? Est-ce qu’aimer se contrôle ? Est-ce qu’on peut s’entraîner à aimer ? Vous me répondrez peut-être non, c’est comme ça, ça arrive quand ça arrive. Moi je vous répondrai oui. Et c’est la première école où nous devrions aller avant d’aller à celle du savoir. Nous devrions d’abord apprendre à aimer, apprendre à regarder, apprendre à écouter, apprendre à apprécier, apprendre à remercier ce qui nous est offert.

Le savoir sans amour existe, il est puissant aujourd’hui, il est à Wall Street, il est à Dubai, il est je ne sais où, partout autour de nous, dans les banques, dans les médias, dans le succès. Le savoir sans amour crée des moteurs qui nous détruisent, comme la soif de pouvoir, la soif de réussite, la soif d’argent, la soif de domination, le plaisir narcissique d’être meilleur. Le savoir sans amour crée des écoles où il faut être le premier, où l’on nous fait croire que c’est tout ce qui compte. Mais un jour nous serons morts, peut-être même sous le coup d’une arme à feu, et ce qui comptera alors ne sera certainement pas de savoir si nous étions plus fort, plus beau, plus empli de pouvoir et d’argent que notre voisin. Le savoir sans amour est vain, c’est aussi un anti-savoir, c’est aussi le pouvoir de manipuler et de tromper, donc d’éloigner de la vérité. Et nous sommes en plein dedans au quotidien aujourd’hui, en France et ailleurs…

Ce monde est malade, souffrant, prêt à périr, parce qu’il se vide de son amour. Il en a toujours été ainsi, quand les Anglais sont venus détruire les Maoris, quand les Espagnols sont venus détruire les civilisations latines, quand les Africains se sont retrouvés sur des marchés à esclaves, quand les Indiens se sont retrouvés dans des réserves, et partout où des civilisations ont décidé d’anéantir d’autres peuples pour imposer un modèle de vie unique, une religion, un savoir quelconque, par un narcissisme suprême et loin de toute raison, dans une folie terrifiante et anéantissante.

Mais les choses peuvent changer, si on nous apprenait à aimer plutôt qu’à gouverner, à donner plutôt qu’à prendre, à écouter plutôt qu’à se raconter, à regarder plutôt qu’à juger, à apprendre plutôt qu’à comparer. Savoir recevoir ce qui nous est donné gracieusement, un sourire, un toit, un compliment, un partage quel qu’il soit… Plutôt que prendre ce qui attise notre envie de pouvoir et de satisfaction narcissique sans se préoccuper d’autrui. Savoir offrir sans compter ce qui nous est du en retour, savoir prendre le temps d’être présent au monde et aux autres.

Si on savait aimer un peu plus, de cet amour là, alors le mot racisme n’existerait pas. Alors on serait attiré par la différence bien plus que par la ressemblance. Pourquoi est-on attiré par la ressemblance ? Parce qu’on est attiré par nous-même, par ce miroir rassurant qui nous reflète une fois de plus. Mais cela nous cloître dans une personnalité restreinte et confinée aux limites de notre manque d’imagination. Si l’on s’intéresse à tout ce qui est différent de nous, alors on se construit un nouveau miroir, plus vaste, plus lumineux, et enfin plus savant et empli de raison. La vraie raison, celle qui sauvera le monde (oui j’ose le croire) n’est autre que l’amour. La vraie raison est de tourner son regard tout autour de nous, est de s’emplir les poumons de la beauté du monde, est de danser avec d’autres sur un même rythme, est de partager les récoltes du même jardin. La vraie raison est de prendre soin des autres, parce qu’ils ont la même valeur que nous-même. La vraie raison est d’aimer notre planète pour arrêter de la détruire, la choyer, la célébrer, parce qu’elle est notre seule maison, et qu’elle n’a ni mur ni frontière. La vraie raison est de regarder chaque personne autour de nous comme un miroir, la vraie raison est de finir par ne plus voir ce qui est différent, ne plus voir ce qui fait peur ou qui rassure, mais voir ce qui est beau, touchant, sensible et nous rempli le coeur de bonheur.

Parce que pourquoi vivons-nous si ce n’est pour être heureux, et comment pouvons-nous être heureux si ce n’est en aimant le monde, et les êtres qui le peuplent ?

Il n’y a pas d’autre planète où nous échapper quand celle-ci sera éteinte, et il n’y a pas d’autre temps où nous réfugier et oublier nos erreurs. Il n’y a qu’ici, maintenant. Et peut-être que demain n’existera pas.

Alors la raison qui sauvera le Monde, elle s’appelle aussi amour, elle s’appelle beauté et elle s’appelle bonheur. Cette raison est tout autour de nous, si chacun d’entre nous s’en empare et en fait son moteur au quotidien, alors un jour, peut-être cette raison s’appellera LA PAIX.

 

Avec tout mon amour. 

Sophie

 

PS : il n’y a pas d’image, de couleur ou de vidéo dans cet article, parce que mon coeur en est vide aujourd’hui en pensant à tous ces morts et leurs proches. J’ai besoin d’un jour de recueillement mais dès demain les couleurs envahiront mon quotidien à nouveau. Je suis aussi fatiguée de toutes ces images qui nous empêchent de parler en mots, parce que le langage est un merveilleux outil pour transmettre ce savoir et cet amour, et j’en appelle aux images qui sont au fond de vous aujourd’hui, chacun d’entre vous. Je ne veux pas vous imposer les miennes.

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Pensées de voyageuse

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2 Comments

  1. 1

    Même si elles me paraissent un peu utopiques, je partage complètement tes idées.
    Ils faut que nous voyions les choses avec un autre regard que celui du monde de fous dans lequel nous vivons.

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