Mais au fait… Pourquoi tu pars ?

Atterrissage à Copenhague

Je pars, je fais ce choix, pour un amas de raisons, d’instincts, de suppositions, de fantasmes, d’interrogations, d’attirances accumulés ces dernières années.

Je pars parce que c’est mon rêve, depuis très longtemps.

J’avais envie de voyager, de partir loin pour quelques mois, de vivre quelque chose de différent. Je l’ai fait, par deux fois. En 2012 en Floride et en 2013 au Costa Rica, pour des expériences professionnelles dans le cadre de mes études de tourisme. Et puis je suis rentrée et j’ai passé plus de temps que je ne l’aurais imaginé dans ma ville natale, où j’ai travaillé dans différentes entreprises. Et le constat est là. Ces deux grands voyages ne m’ont pas « calmée », et j’ai beau en faire d’autres, plus courts, lors de mes périodes de vacances, cela ne me suffit pas. C’est comme ça. Je passe des heures à lire sur internet tout ce qu’il est possible de lire sur les destinations qui m’attirent, sur la vie de voyageur, sur des quotidiens qui ne ressemblent pas au mien… Et j’en rêve, tout le temps, il n’y a pas d’explication rationnelle à cela, c’est comme être plus attiré par une glace à la framboise que par un pâté lorrain…
Je pars sur la route

Est-ce que ma vie actuelle me déplait ?

Non. J’ai construit depuis deux ans et demi une vie bien agréable. J’ai pris un appartement pour moi toute seule avec un niveau de confort plus qu’acceptable. Je vis près de ma famille que je vois souvent. Je suis entourée de mes amis de toujours et de ceux que j’ai rencontrés plus récemment… Je n’ai pas eu de période de chômage, j’ai enchaîné différents emplois jusqu’à être en CDI dans un lieu prestigieux et dans un poste convenable, j’ai ma carte d’abonnement au cinéma d’art et d’essai, mes parcours de footing à portée de main (ou de pied), je suis bien.

Nénuphars dans les Vosges

Mais alors… pourquoi ne pas continuer ce quotidien ?

Parce qu’être bien, c’est une chance, mais je veux plus

Je veux me lever avec le frisson délicieux de ne pas savoir à quoi m’attendre, je veux parler une autre langue que le français, je veux avoir l’opportunité de découvrir des gens que je n’aurais pas pu rencontrer dans mon quotidien bien rangé, je veux marcher des kilomètres jusqu’à n’en plus pouvoir, je veux pleurer devant des paysages qui dépassent mon imaginaire, je veux vivre ce que je ne peux pas même envisager aujourd’hui, je veux être en insécurité émotionnelle, je veux être bouleversée, je veux me dépasser, je veux foutre le bordel, un peu, dans ma petite vie ! Alors, je suis peut-être une enfant gâtée qui en demande toujours plus… Mais c’est parce que j’ai compris que c’est possible, que la vie peut nous donner plus, et que si on ne prend pas ce qu’il y a à prendre, c’est qu’on ne souhaite pas le prendre. Car ces rêves sont à portée de main, il suffit de les saisir, de s’en emparer, comme le trésor le plus inestimable qui puisse traverser notre chemin sur cette terre.

Départ en Nouvelle Zélande

Carrément… J’en fais un peu trop non ?

Non, je n’en fais pas trop. Car si je ne suis pas cet instinct, cette envie qui me tord les tripes, je ne pourrais m’en prendre qu’à moi. Et le remord risque d’être très lourd à porter. Rien ni personne ne m’empêche de vivre cette aventure grandiose. Les personnes qui actuellement me donnent parfois envie de rester (ma famille, et spécialement mes deux nièces adorées que je vais moins voir grandir dans les prochains temps, et mes amis bien sûr), seront celles qui me donneront envie de rentrer quand le moment sera venu, et ce sera un plaisir extraordinaire de les retrouver. Car oui, ces personnes qui vont me manquer, elles seront toujours là à mon retour et je serai toujours aussi attachées à elles, il n’y a pas de doutes à avoir là-dessus.
Quand au reste, il me paraît sans importance… Mon emploi en CDI ? Je ne vais pas mentir, j’en ai largement fait le tour… Oui c’est confortable, surtout dans le contexte économique peu réjouissant de l’époque, d’avoir un contrat sans date de fin, de jouir d’un salaire chaque fin de mois, c’est vrai, et je ne renie pas cette chance. Mais est-ce que l’on vit pour ça ? Pour avoir un CDI ? Pas moi… Par contre, ce contrat m’a permis de préparer sereinement un projet qui a pour moi une valeur immense, et en cela je suis ravie d’avoir pu bénéficier de cet emploi.
Mes plats préférés, le vin, le fromage, les croissants… Bon certes, il y aura bien un moment où tout cela me manquera. Mais j’aurai bien le temps d’en profiter à mon retour.

Et puis il y a aussi ce que je ne vais pas regretter de quitter…

Un contexte social morose, une actualité souvent dramatique ces derniers temps, un état d’esprit relativement négatif, une ambiance pesante… Car oui, la France c’est quand même souvent comme ça, et j’ai beau aimer mon pays et être privilégiée d’y être née, il y a des jours où tout m’agresse et m’attriste, et je suppose que vous aussi…

Qu’est-ce que j’espère trouver si loin ?

Je ne sais pas exactement, et c’est déjà ce manque de précision qui me plaît, me détend, me rassure. Mais c’est vrai, j’espère trouver des réponses à ces questions sans fin qui ne me lâchent pas depuis des années. J’espère me connaître un peu mieux. J’espère pouvoir envisager le futur en étant plus sûre de mes choix. J’espère aussi arrêter de me questionner sans cesse, arrêter de devoir satisfaire mille ambitions professionnelles, arrêter de subir la pression qui me fait être une personne qui colle aux attentes de notre société, arrêter de chercher malgré moi de la satisfaction dans des choses qui me paraissent vaines en vérité, dans du matériel, dans des apparences, dans du superflus. J’espère vivre. A 200 %. A me sentir vibrer. A pleurer de rire, à rire de tristesse…

 Les Falaises de Moher

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Pensées de voyageuse

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9 Comments

  1. 1
    • 2

      Bonjour !

      Merci beaucoup ça fait plaisir. Je suis contente de voir que d’autres se retrouvent dans ces mots. En tous les cas j’ai écrit cet article d’une traite, un jour d’hiver, et il me tenait vraiment à cœur. J’ai hésité à le publier mais comme je vois qu’il a fait du bien à certains, je me dis que j’ai sûrement bien fait !

      Bons voyages à toi !

  2. 3

    Pareil, je n’aurai pas mieux dit! Je suis en nouvelle Zélande depuis presque 6 mois et je ne regrette ABSOLUMENT pas ce choix!
    Cours, vole et enjoy to nouvelle vie!

  3. 6
  4. 8

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