Ce fameux article sur le « retour en France »…

De quoi suis-je rentrée ? (version courte)

What did I come back from ? (short version)

Départ le 29 février 2016 pour la Nouvelle-Zélande en aller simple. Une date que je n’oublierai pas, et tous les sentiments qui me traversèrent ce jour-là. Je savais, d’une certitude physique, que je partais pour un autre bout du monde fabuleux, mais aussi que je commençais une période de ma vie qui allait « tout changer ». Comment le savais-je ? Mon sourire qui ne pouvait plus s’arrêter depuis des mois que je préparais le coup, mon coeur qui battait la chamade avec délice, le calme sidérant de sagesse qui régnait derrière l’excitation enfantine de ce début d’aventure. A la croisée des chemins et sans voir ma destinée, j’avais la certitude d’avoir choisi le bon sentier, et je partais le coeur léger et l’esprit libre, sans aucune crainte. Je ne savais pas pour combien de temps je partais, et cela n’était évidemment pas une donnée facile pour mes amis proches et surtout pour ma famille. Mais j’avais prévenu… Si je devais rentrer trois semaines ou trois mois plus tard pour quelque raison que ce soit, je le ferais…

I left on the 29th of February 2016 with a one way ticket to New Zealand. It is a day I will not forget, with all the feelings that came along. I knew, of a physical certainty, that I was leaving for a wonderful other side of the world, but also that I was starting a new chapter of my life that will « change everything ». How did I know ? My smile could not stop for months that I was preparing my go, my heart was beating faster with delight, and an incredible calmness was there just behind the childlike excitement of that beginning of adventure. Between paths and not knowing my own destiny, I was sure that I had chosen the right track, and I was leaving with my heart light and my spirit free, with no fear. I did not know for how long I was leaving, and this was not an easy detail for my close friends and for my family. But I had advised… if I had to come back within three weeks or three months for any reasons, I would… 

En atterrissant à Francfort le 24 juin dernier (2019), trois ans et demi plus tard, j’avais derrière moi dans l’ordre :

When I landed in Francfort on the last 24th of June (2019), three years and a half later, I had behind, in the chronological order: 

Mais j’avais aussi derrière moi :

But I also had behind me:

La liste est longue, et vous me direz, pourrait avoir été vécue de ce côté du globe plutôt que de l’autre. Mais peu importe, pour moi, c’est là-bas que j’ai vécu tout cela, là bas que j’ai vibré de toute cette vie et de tout cet amour. Là bas que je me suis sentie plus proche de moi-même que jamais, là bas que j’ai goûté à l’infini des possibles et au besoin de les explorer, là bas que j’ai gagné en confiance, en paix et en joie. Oui j’avais déjà eu de superbes expériences de vie et un beau chemin avant mon départ. Mais lors de ces trois ans et demi, le temps s’est rempli de saveurs plus incroyables les unes que les autres, sans cesse, en accéléré et avec pourtant le privilège de les goûter une à une délicatement.

That is a long list, and you would tell me that I could have live it all on this side of the world rather than on the other side. But it does not matter, as for me, I lived that all there, and it was there that I felt that life and all that love vibrating powerfully. It was there that I felt closer to myself than ever, there that I had a taste of the infinite possibilities of life and of the desire to explore them, there that I gained confidence, peace and joy. Yes, I had already had wonderful life experiences and a beautiful path before I left. But in these three and a half years, time filled in with flavors more incredible than ever, constantly, at a rapid pace and still with the chance to taste them all one by one nicely. 

Alors, ce retour à la maison ?

And so, this return back home ? 

Je suis rentrée il y a déjà quatre mois. Je le savais depuis longtemps, car mon second visa australien devait bien se terminer un jour, et que si l’idée d’une petite transition thaïlandaise me tentait bien, il fallait tout de même… rentrer. Pourquoi ? Revoir mes proches avant tout, passer du temps dans le pays qui m’a vue grandir éventuellement, me recentrer peut-être, réfléchir à la suite peut-être, me poser quelques temps peut-être, expérimenter mon pays avec des yeux différents et une curiosité renouvelée sûrement.

I came back home already four months ago. I knew it for a long time, because my second Australian visa was sure going to an end at some stage, and even if the idea of a transition through Thailand was tempting, I still know I had to… go back. Why? To see my relatives before all, and maybe to spend time in the country where I grew up, maybe to re-center, maybe to think about what will be next, maybe to settle down a little bit, and to experiment my country with different eyes and a new curiosity. 

Certes, j’ai commencé par filer en Bulgarie pour deux semaines pour un petit emploi. Mais après ça, j’ai trouvé un emploi dans le sud de la France, j’ai acheté une petite voiture et trouvé un logement, et suis partie vers cette nouvelle destination qui m’était totalement inconnue, sans avoir eu le temps de bien réaliser, vraiment. Entre temps, je m’étais régalée du contact de ma famille et de mes amis, et m’étais sentie pleine de confiance vers les promesses nouvelles qui s’ouvraient, sans aucun doute, à moi.

Alright, it is true, I started with running away to Bulgaria for a little two weeks job. But after this, I found a job in the south of France, I bought a car and found a place to live, and I left for this new destination where I had never been, not realizing much, really. Before that, I had taken some delicious time with my family and friends, and I had felt full of confidence towards the new promises opening, without a doubt, to me. 

Depuis, j’ai eu le temps de réaliser. Réaliser sans trop comprendre. Sans trop savoir quoi comprendre. Sans trop savoir quelles étaient même les bonnes questions à se poser. Et en m’emmêlant les pinceaux à mesure que les semaines se sont écoulées. Je n’écris pas cette article pour faire un drame du retour en France, ni pour prétendre que oui, l’herbe était forcément plus verte ailleurs. Car ce serait faux, injuste et plutôt stupide.

Since, I had time to realize. Realize without understanding much. Without knowing what is there to understand. Without even knowing which were the right questions to ask myself. And feeling more troubled week after week. I do not write this article to make all of a drama about coming back to France, nor to pretend that yes, grass was definitely greener elsewhere. Because it would be wrong, unfair and rather stupid. 

Je sais qu’il fallait que je revienne, tout comme il avait fallu que je parte. Cela faisait parti de mon chemin et je le sentais venir depuis un moment. J’ai vécu des cascades d’émotions dans les derniers mois, et j’en suis encore à les apprivoiser, à les reconnaître, à les observer. Car c’est tout ce que je peux faire, dans le respect de ce qui est, que je l’aie envisagé ou non. J’avais envisagé le sentiment d’être étrangère chez moi, le décalage avec les autres, avec le quotidien que j’allais entamer, avec les logiques administratives, avec la « mentalité ». J’avais moins anticipé l’angoisse qui en sortirait parfois, la complexité à s’y retrouver, à se réinventer, à faire le compromis entre ce qui, de moi, est resté à attendre mon retour, et ce qui est né loin d’ici, bien décidé à rentrer avec moi. J’avais bien imaginé le plaisir de découvrir de nouvelles personnes et de nouveaux endroits, de commencer une expérience nouvelle, de faire de ce retour un nouveau voyage. J’avais moins vu venir, ni à quel point je ressentirais une excitation dans les perspectives d’exploration qui se présenteraient, ni les apprentissages significatifs qui allaient se trouver sur mon chemin.

I know that I had to come back, like I had had to leave. It was part of my journey and I could feel it coming for a while. I have been through cascades of emotions in the last few months, and I am still trying to tame that all, and to observe it. Because this is all I can do, in respect with what it, no matter if I had considered it or not beforehand. I had considered that I would possibly feel like a stranger at home, or unadapted between people or within my own routine, or with administrative details and global « mentality ». I had less anticipated the anxiety that would sometimes rise, the difficulty to find myself, to reinvent myself, to compromise between the part of me I left here and waited for me to come back, and the one that was born far away from here and decided to stay and come home too. I had well imagined the joy to meet new people and new places, to start a new experience, and to make a new travel out of this return to France. I had less seen coming how excited I would even feel face to the endless exploration possibilities that would present themselves, and the meaningful learnings I was about to have on my way. 

Aujourd’hui, je crois que ce retour m’a profondément désorientée, plus que je ne m’y attendais, et que j’en avais minimisé les effets. Je crois que j’avais fièrement proclamé avoir acquis toutes les ressources nécessaires pour vivre un retour en France harmonieux et dans la lignée de ces dernières années. C’était bien d’avoir cette confiance en moi, mais peu réaliste. Je me rends compte que cette perte d’équilibre était inévitable. Le pays où nous sommes nés porte l’emprunte de nos premiers pas pour toujours, de tout l’apprentissage que nous y avons fait depuis notre naissance, et de tous les êtres précieux qui ont marqué les années les plus essentielles de notre vie. Alors y revenir après l’avoir quitté n’a rien à voir avec découvrir un nouveau pays. Le pays où nous sommes nés est plein d’acquis culturels, sociaux, psychologiques, qui nous sautent au visage, inévitablement, quand on revient avec des expériences qui vont nous forcer à déconstruire et remettre en question tous ces acquis. Le pays où nous sommes nés a conservé tous les points de repères sans lesquels nous avons réussi à avancer lorsque nous l’avons quitté, et dont on ne sait soudainement plus que faire. Le pays où nous sommes nés porte en son coeur la tentation d’y rester toujours, comme emmitouflés éternellement dans le plaid le plus doux qui soit, au creux du fauteuil le plus chéri et moelleux du monde, au son d’une cheminée crépitante, dans la lueur orangée de ses flames et l’odeur merveilleuse d’un énorme bol de chocolat chaud fumant entre nos mains… Et pourtant, après avoir voyagé, et pour la plupart de ceux qui ont tenté et approuvé cette expérience, le pays où nous sommes nés devient aussi celui qu’il nous faudra quitter encore, absolument, dans une urgence incompréhensible et injustifiable.

Today, I believe that this return totally disoriented me, more than I expected, and I had minimized the effects it could have. I guess that I had proudly claimed that I had gained all the necessary resources to live a harmonious return to France, aligned with the last few years. It was great to feel that confidence, but a little bit unrealistic. I understand now that losing balance was unavoidable. The country where we were born holds the print of our first steps forever, of all the learning we had since we were born, and of all the precious people that have been part of the most essential years of our life. Therefore, coming back after having left it is nothing compared to exploring a new country. The country where we were born is full of cultural, social and psychological ideas that have been integrated within ourselves through years and that, suddenly, will jump to our faces while we come back from new experiences that force us to destroy and put into a new perspective what was before accepted as is. The country where we were born kept all the landmarks that were once precious, but without which we were able to move forward when we left, and that we don’t know what to make with now. The country where we were born holds within itself the temptation to stay forever, like wrapped into the softest blanket, in the most confortable armchair of all times, with the sound of a wood fire cracking nearby, in the orange light  of its flame and the magical smell of a huge mug of hot chocolate between our hands… And still, after some travels, and for most of those who tried and approved the experience, the country where we were born as well becomes the one we will need to leave again, absolutely, with a non-understandable and a non explicable urge. 

Face à ce capharnaüm mental et émotionnel, j’ai pris le parti d’agir (le plus possible) au quotidien comme j’ai toujours su le faire ici ou ailleurs : en restant fidèle au projet en cours, emploi, logement, quel qu’il soit, tant que je m’y retrouve suffisamment, et en gardant l’esprit et le coeur ouvert. Et puis, comme parfois ce n’est pas évident, j’utilise cette énergie et ces envies nées à l’étranger pour trouver un peu de cet équilibre fragilisé : sortir, partir explorer, marcher, courir, camper, conduire, me laisser tenter. Faire de ces micro aventures les jalons d’une stabilité qu’il m’est difficile à trouver et d’un quotidien où « la transition » se fait peu limpide. La transition, oui, car je crois que c’est ce dont il s’agit à travers ce retour en France… Mais la transition vers quoi ?

Face to this mental and emotional messy noises, I decided to act daily (as much as possible) like I have always managed to do here or elsewhere: staying faithful to the project I started, job, house, whatever it is, as long as I can find myself in it well enough, and keeping my mind and my heart open. And then, as it is not always that easy, I use this same energy that I started to use abroad to find a bit of that weaken balance: the energy to get out, going on an exploration, walking, running, camping, driving, letting myself be tempted. To make out of these micro adventures the markers of a stability that I struggle to find and of a routine in which the « transition » is not that clear. The transition, yes, because I believe that it is what my return to France is about… But a transition toward what ? 

Et ensuite ?

And after?

La question… Cette grande question qui ponctue ma vie depuis si longtemps, ma vie faite de cette question, « et ensuite ? «  … Cette question familière à laquelle j’ai si souvent répondu « je ne sais pas », ce qui m’a bien souvent fait frissonner de plaisir, mais sonne aujourd’hui comme une difficulté indomptable. Pourtant, elle ne l’est pas, et pour aucun d’entre nous. Ce « et ensuite » ne peut se dévoiler que dans l’appréciation du maintenant, que dans l’ouverture et l’acceptation à ce qui est. Dernièrement, ce que j’apprends par l’expérience directe, c’est que « l’après » n’est jamais plus flou et sombre que lorsque l’on résiste à ce que l’on a, et lorsqu’on se réfugie dans un passé, quel qu’il soit.

The question… This big question I find in my life so often and for so long, my life made out of this question, « and after? » … That question I have often answered « I do not know », which made me shiver with joy quite often, but which today sounds like an insuppressible difficulty. However, it is not, and to none of us. This « and after » can only be seen in the grateful acceptation of the now, and the openness to what is. Lately, I have learnt through direct experience that the « after » is never as blurred and dark as when we resist to what we have, and when we take shelter in the past, whatever it is. 

 

Alors pour l’instant, « je ne sais pas ». Mais je sais que j’ai entrepris ce chemin d’acceptance de ce qui est, et d’appréciation réelle. Je sais que sourire à chaque jour et respecter mes inspirations personnelles est le radeau qu’il me faut emprunter jusqu’à la prochaine embouchure. Je n’y ai pas réussi aussi bien que je l’espérais depuis mon retour, ou du moins pas chaque jour. Mais cela aussi, c’est déjà passé, et cela aussi était nécessaire. Qui a jamais appris l’équilibre sur une surface plane et stable ? Qui mieux que le funambule connaît l’ivresse du déséquilibre, la nausée du vertige, la satisfaction du retour au calme furtif, et la perfection souriante des grands moments de grâce ? J’aspire à une clarté qu’il me faut partir rencontrer. Pour cela, chacun se trouve les ressources qui lui conviennent. Aujourd’hui, cultiver celles qui m’ont rendue heureuse dans mes voyages me semble idéal, et je continue d’apprendre chaque jour, un pas après l’autre.

So, for now, « I do not know ». But I know that I have started this path toward accepting what is, and so with a real gratitude. I know that my boat to the next turn is made of smiling to each single day and respecting my personal inspirations. I have not managed that as well as I had hoped since I came back, or at least not each and every single day. But this too, is already in the past, and this too was necessary. Who ever learnt balance on a stable ground? Who better than the tightrope walker knows the dizziness of being unbalanced, of vertigo, and the satisfaction of a quick return to stillness, as well as the smiling perfection of big moments of grace? I wish for a clarity that I have to go and meet. For this, each of us find the resources that will work. Today, cultivating the ones that made me happy while I traveled seems ideal to me, and I keep learning everyday, one step at a time

Alors « après » cette étape de quelques mois dans ce coin du sud de la France, que ferai-je et où ? Ici ou ailleurs, je continuerai de m’émerveiller de la beauté du monde, de sourire aux êtres qui me croisent, d’aimer de tout mon coeur et d’avancer vers moi-même. Car là est le vrai voyage, au coeur du respect de ce que nous sommes, nous, partie du tout, nous-même, c’est à dire nous tous, dans notre individualité et dans notre universalité.

Therfore, « after » these few months in the south of France, what will I do and where? Here or somewhere else, I will keep being amazed by the beauty of the world, and smiling to beings on my way, I will keep loving with all my heart and move forward towards myself. Because this is the real trip, with all the respect for what we are, us, part of the whole, ourselves, which is us all, in our individuality and in our universality. 

En bonus pour ceux qui auront eu le courage de lire ces lignes de confessions alambiquées, j’ai réalisé un album photos rassemblant quelques paysages favoris des dernières semaines, dans mes petits périples dans cette France qui m’accueille à nouveau. Merci à tous ceux qui partagent et partageront encore ces beaux moments avec moi. Cliquez sur le lien pour accéder aux photos ! 

Little bonus for those who managed to read until the end this article full of complicated thoughts, I have made a photos album with my favorite landscapes of the last few weeks, through my little trips in this France that is welcoming me again. Thank you to all of those who share and will share again these beautiful moments with me. Click on the link to see the pictures! 

Vous aimerez aussi

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués par une étoile *

Vous pouvez utiliser ces balises HTML et ces attributs: <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>