La Thaïlande, ce voyage de transition…

Thailand, this transition trip

Une transition… Entre trois ans et demi passés principalement en Nouvelle-Zélande et en Australie, et un retour en France plein d’inconnu. Entre les souvenirs de ma vie en France « d’avant » et celle qu’il va me falloir découvrir bientôt. Elle sera différente, sans aucun doute, aussi différente que je le voudrai et le construirai, moi qui reviens de tant de bouleversements, expériences, changements, découvertes… J’avais quitté la France, curieuse et excitée de devenir une étrangère sur du long cours, de vivre ailleurs, d’avoir les yeux ouverts et prêts à se poser sur tout, l’oreille à l’affut des conversations avec des gens du bout du monde et avec les oiseaux et les plantes qui croiseraient mes pas. J’étais partie confiante, impatiente, dépourvue de doute…  J’y retourne avec cette crainte de me sentir étrangère dans mon pays, cette incertitude tellement bizarre de pouvoir « m’adapter » à ce pays familier que j’ai vu de loin pour un temps.

A transition… Between three and a half years spent mainly in New Zealand and Australia, and a return to France, full of mystery. Between my memories of my life in France « before » and the one I will have to discover soon. It will be different, certainly, as different as I will want it and make it, coming back from so many experiences, changes, discoveries… I had left France curious and excited to become a stranger on the long run, to live somewhere else, to have my eyes wide open on everything, and my ears ready for conversations with people in the other side of the world, as well as the birds and plants I would meet on my path. I had left confident, impatient, not doubting about anything… I am coming back anxious to feel like a stranger in my own country, weirdly unsure if I will be able to « adapt » to this country I had seen from the distance for a while. 

Je suis en transition entre la tristesse de quitter les gens que j’ai découvert et aimé sur l’hémisphère Sud, et la hâte de revoir ma famille et mes amis fidèles au poste sur l’hémisphère Nord. Je suis en transition entre cet équilibre de funambule que j’ai pratiqué avec brio, fait d’un élan vital me portant chaque mois vers de nouvelles aventures sans stabilité concrète ou promesse d’avenir ; et l’idée envisagée de trouver un terrain plus solide où bâtir un ancrage peut-être plus serein. Je suis en transition entre tous les paradoxes de ma vie, toutes les incertitudes et toutes les envies accumulées, toutes les joies et les peines, les gens que j’aime et les longues journée dans une solitude conquise. Et j’arrive en Thaïlande de nuit, fatiguée du voyage, heureuse de m’installer dans cette petite auberge à Bangkok, réservée quelques jours plus tôt.

I am transitioning between the sadness to leave people I met and loved in the Southern hemisphere, and the hurry to see my family and friends, always present for me, on the Northern hemisphere. I am transitioning between this rope-dancer balance that I practiced successfully, based on a vital impulse pushing me each month toward new adventures without stability and promises for the future ; and the idea to find a more solid ground where I could build an anchor, maybe more serene. I am transitioning between all the paradoxes of my life, all the uncertainties and desires that I have accumulated, all the joy and all the pain, between people I love and long days in a conquered solitude. And I am arriving in Thailand at night, tired from the trip, happy to settle in this little hostel in Bangkok that I had booked a few days before. 

Déroutante Bangkok et cet aperçu d’un pays aux milles facettes

Surprising Bangkok, and a glimpse on a multi-faceted country

A ce moment de ma vie, je ne ressens pas l’envie de crapahuter d’un bout à l’autre de ce pays inconnu et d’en découvrir le plus possible avidement, comme j’ai pu le faire à bien d’autres occasions. Non, j’ai besoin de temps, de flâner sans objectif, de ne rien faire. J’ai besoin d’un terrain neutre où déployer les émotions qui viendront. La Thaïlande… Un terrain neutre ? Maintenant que j’y ai posé les pieds, cela me fait sourire. La Thaïlande, que vous le vouliez ou non, vous prend dans sa danse, ses couleurs, son énergie. Les sourires tout autour de moi sont accueillants, pétillants, contagieux. L’activité incessante dans les rues, le bruit de la circulation, le flux de personnes… Bangkok vous prend.

At this moment of my life, I do not feel like exploring intensely this unknown country, as I have done on so many other occasions. No, I need time, to wander without a goal, and to do nothing. I need a neutral space where any emotion could unfold freely. Thailand… a neutral space? Now that I have set a foot here, it makes me smile. Thailand, no matter if you want it or not, takes you in its dance, its colors, its energy. Smiles all around me are welcoming, sparkling, contagious. The constant activity in the streets, the noise of the trafic, the flow of people… Bangkok takes you. 

Et en juin, la chaleur humide vous suit partout où allez. Après avoir marché dans les rues tout autour de l’auberge, j’en viens à me réfugier dans le seul endroit aux alentours qui s’annonce plus frais : le centre commercial. D’accord. Je n’ai jamais vu cela, et je n’étais pas préparée. Même aux Etats-Unis, à part à Walt Disney World, j’étais loin de l’extravagante extravagance qui s’ouvre devant mes yeux. C’est immense, avec des décors surréalistes, des boutiques démesurées, une odeur de fantasme matérialiste et le sentiment vertigineux d’une ruée vers… je ne sais pas bien. Je ne trouve plus les mots, et pourtant je marche ébahie dans ce labyrinthe sans pareil. Mon cerveau s’est arrêté. Finalement la climatisation a l’air de me donner mal au crâne, ou peut-être est-ce la lumière artificielle et l’odeur de tout cet amas de choses… Je ressors. Chaleur. Je mange dans un tout petit restaurant au bord de la route, à quelques mètres de là, pour très peu cher et dans un cadre très simple et paisible…

And in June, the humid heat follows you everywhere. After walking in the streets all around the hostel, I decide to take shelter in the unique place that might be cooler: the mall. Alright. I have never seen that, and I was not prepared. Even in the USA, except from Walt Disney World, I was very far from that extreme extravagance I can see right now. It is huge, with surrealist decoration, oversized shops, a smell of materialist phantasm and the vertiginous feeling of a rush to… I am not sure. I do not find words anymore, and still I am walking dumbfounded in this incredible labyrinth. My brain has stopped. At the end the air conditioned seems to give me a headache, or maybe it is the artificial lights or the smell of all these things… I go out. Heat. I eat in a tiny restaurant on the side of the road, a few meters away, very cheap and in a very simple and quiet setting… 

Mon expérience de Bangkok et de son apparente folie se poursuivra en dents de scie entre les différentes étapes de mon voyage en Thaïlande, et je retournerai chaque fois à cette petite auberge à l’écart de l’agitation. Je prendrai le skytrain, ce métro aérien qui me permettra de fixer des yeux les bâtiments imposants et gris de la capitale thaïlandaise, sans en trouver le bout, tout en bénéficiant du confort moderne de ce transport en commun propre, entourée de Thaïlandais élégants, respectueux, soignés. Je continuerai de remarquer ce sentiment agréable et paisible qu’il y a à côtoyer les Thaïlandais ; je dégusterai des plats végétariens délicieux et j’aurai la tête qui tourne face aux différences sociales très conséquentes qui se touchent dans cette ville dont l’évolution vers la modernité se fait dans un élan de sprinter alors que la vie traditionnelle n’a pas encore pris la mesure du bouleversement, et semble perdurer sans trop se troubler, s’accommodant des changements et en prenant son parti tant que faire se peut.

My experience of Bangkok and its craziness will go on between each destination of my trip in Thailand, and I will each time go back to that little hostel away from the hustle and bustle. I will take the skytrain, this aerial tramway from which I will stare at the massive grey buildings of the Thailand capital, unable to see the end of it, while enjoying the comfort of a clean modern transport, surrounded by elegant, respectful Thai people. I will again notice how nice it is to be around Thai people ; I will eat delicious vegetarian dishes ; and I will be quite shocked facing huge social differences in this city where modern evolution is happening at the pace of a sprinter while traditional life has not yet understood how big is the shift, and seems to carry on with no much trouble, accepting changes and taking possible advantages from this situation here and there. 

Pai… arrêt sur image

Pai… stop

Qu’il est bon de s’éloigner de Bangkok et d’accomplir ce long trajet en bus jusqu’à Pai, tout au Nord, qu’un ami m’avait recommandé. Pai est un village entre les montagnes, à l’atmosphère tournée vers le yoga, le bien-être, la nourriture bio, la spiritualité bouddhiste… Evidemment, les blogs ventant le charme de cet endroit magique, le tourisme s’est développé et il semble que cela change un peu les choses depuis quelques années, selon ce que l’on m’explique. Mais je m’y retrouve entièrement pour ma part et passe quelques jours spéciaux dans ce havre de paix. J’avais choisi une auberge de jeunesse sur internet, car elle semblait proposer des cours de yoga. Après avoir récupéré ma clef et payé ma chambre, alors que je viens de poser la question au réceptionniste, il me répond que, justement, une petite retraite de yoga de trois jours commence le lendemain, et s’inaugure le soir-même. Il s’apprête à me montrer le panneau présentant la retraite, et voilà qu’apparaît devant nous, justement, Virginia, la prof de yoga…

How good is it to get away from Bangkok and take that long bus ride to Pai, in the North, that a friend recommended me. Pai is a town in the mountains, with a yoga, well being, organic food and buddhist spirituality vibe… Obviously, because of blogs telling how charming is this magical place, tourism has increased and some people tell me that it has changed things for a few years. But I find myself here perfectly and spend a few special days in this peaceful town. I had chosen a hostel in the internet, because it seemed to offer yoga classes. After checking-in, I asked the question to the receptionist and he answers that, actually, there is a little three days yoga retreat starting on the next day, with an introduction on that night. He is about to show me the sign about it when suddenly appears Virginia, the yoga teacher… 

 

 

Je plonge dans les prochains jours sans aucune résistance, inspirée et guidée par Virginia et son aura enthousiasmante, mais aussi par les autres personnes que je rencontre et avec qui je partage cours de yoga, ateliers sur le développement personnel et temps contemplatif et joyeux. Je profite de la sérénité absolue de ce lieu, de cette auberge atypique avec une vue sur des reliefs mystérieux et un ciel surprenant, aux nuages presque immobiles, comme une peinture à observer de cette plateforme ouverte sur le monde. Je me promène dans Pai sans but, je m’arrête trois heures durant à un café merveilleux, en dégustant des mets des plus bio et sains tout en lisant un livre bouleversant d’enseignements comme je les aime… Le temps est suspendu, comme ce léger sourire sur mes lèvres.

I dig into the following days without any resistance, inspired and guided by Virginia and her encouraging aura, but also by other people I meet and with whom I share yoga classes, personal growth workshops and contemplative and joyful time. I enjoy the absolute serenity of this place, of this special hostel with its view on mysterious shapes and surprising sky, with the clouds barely moving, like a painting you can watch from that platform opened on the world. I walk around in Pai with no purpose, I stop at a wonderful cafe, enjoying the best organic and healthy meals while reading a life changing book… Time is hanging magically, like that slight smile on my lips.

Vipassana, dix jours dont le silence a tout à dire

Vipassana, ten days in a meaningful silence

Ensuite, je pars enfin accomplir cette retraite de dix jours de méditation en silence, à laquelle je suis inscrite depuis plusieurs mois mais pense depuis plus de deux ans, après que d’autres voyageurs m’en ai parlé… Que vous dire en quelques lignes de dix jours en silence à méditer une dizaine d’heures par jour, sans contact avec qui que ce soit, sans l’accès même à un livre ou un carnet où écrire, en évitant le regard des autres visiteurs du centre de méditation, en mangeant face à sa nourriture et à un mur, sans parler, du tout ? Que vous dire de ces heures assises en tailleur les yeux fermés dans le hall, que vous dire de tout ce qui peut survenir dans l’immobilité et le silence, que vous dire du bruit et du mouvement presque incessant ? J’ai appris en dix jours plus qu’en cent ans, sans aucun doute, j’ai appris en moi plus que dans tous les livres, j’ai écouté et observé dans le noir et le silence plus que jamais en pleine lumière. Des mois plus tard quand j’y repense, la présence de ces jours-ci ressurgit, presque indélébile. Je n’ai pas de photos de ces jours si particuliers, car elles n’étaient pas vraiment appropriées dans cette expérience. Et j’ai peu de mots à vous transmettre.

After that, I finally go to achieve this ten days of a silent meditation retreat I registered for a few months ago but have been thinking about for a couple of years, since other travelers told me about it… What can I tell you, in just a few lines, about ten days in silence, meditating about ten hours a day, with no contact with anyone, without accessing even a book or a journal to write, avoiding eye contact with the other visitors of the meditation center, eating face to my food and to a wall, not speaking, at all? What can I tell you of these hours sitting down with crossed legs and closed eyes in the hall, what can I tell you of all that can happen in stillness and silence, what can I tell you of this almost constant noise and movement? I learnt in ten days more than in a hundred years, without a doubt, I learnt within myself more than in any books, I listened and watched in the dark and silence more than in full light. Months later when I think of it, the presence of these days reappears, almost untouched. I do not have any pictures of these special days, as they were not really appropriate in such an experience. And I have few words to share with you. 

Simplement, je dois reconnaître que ce fut probablement plus difficile que de marcher mille kilomètres sur le Bibbulmun Track. Je dois reconnaître que j’ai eu envie de partir presque chaque jour, et que pourtant je savais que je resterais jusqu’à la dernière minute. Je suis heureuse de l’avoir fait, et je continue d’en retirer beaucoup. L’apprentissage perdure au-delà de la retraite et permet d’évoluer dans sa vie de façon incroyable. Je n’exclue pas de refaire une retraite, un jour. Si vous avez déjà un peu pratiqué la méditation et vous sentez curieux, n’hésitez pas à visiter le site de l’organisme du Vipassana, qui dispose de centres un peu partout dans le monde et offre des retraites sur la base des dons des anciens élèves et du temps des volontaires qui font fonctionner les centres. C’est une expérience fascinante…

Simply, I have to admit that it was probably more difficult than walking a thousand kilometers on the Bibbulmun Track. I have to admit that I felt like quitting almost each day, and still I knew that I would stay until the last minute. I am happy that I have done it, and I still gain a lot from it. The learning carries on after the retreat and allows to evolve incredibly in life. I might do another retreat, one day. If you have ever practiced meditation and feel curious, do not hesitate to visit the website of the Vipassana, that has centers everywhere in the world and offers retreats thanks to donations of past students and the time given by volunteers to make it all work out. It is a fascinating experience… 

Koh Samui, finir sur une île paradisiaque

Koh Samui, to finish on a paradise island

Qui n’a pas en tête les palmiers et les couchers de soleil sur la mer en pensant à la Thaïlande ? Après le Vipassana, je mérite quelques jours au paradis, et Koh Samui sait m’accueillir comme il se doit, avec un climat insulaire légèrement plus agréable en cette saison humide, où l’air marin vient comme une bénédiction… A nouveau je profite de cours de yoga, nécessaires à mon corps après les longues journées d’immobilité fatigante de la retraite de méditation. Je me baigne dans la mer, et dans la piscine de l’hôtel, et laisse couler les derniers jours avant de rentrer en France, en tentant de digérer les apprentissages énormes de ce nouveau séjour…

Who does not picture palm trees and sunset on the sea when thinking about Thailand? After the Vipassana, I deserve a few days in paradise, and Koh Samui is welcoming me perfectly, with an island weather, slightly more breathable in this humid season, where sea breeze arrives like a bliss… Again, I enjoy some yoga classes, necessary to my body, sore from long days staying still while meditating. I swim in the sea and at the hotel pool, and let these last days flow before coing back to France, trying to digest the big lessons of this stay… 

Finalement, de quoi était faite cette transition, sinon de la confirmation que la vie est, dans son essence-même, faite de ces changements, passages, de cette désorganisation, de ce temps sans linéarité, des ces aventures contradictoires et de ces convictions qui heurtent nos jours et se heurtent à la réalité qu’elles rencontrent ? Finalement, quel meilleur décor « neutre » que la Thaïlande et ses mille couleurs et odeurs, sa sérénité bouddhiste et son agitation constante, ses décors montagneux extraordinaires, d’une jungle verticale impénétrable, et son urbanisme moderne extravagant ? S’il s’agissait de garder les pieds sur terre entre les deux hémisphères, entre ma vie de voyageuse et mon retour au bercail, quoi de mieux qu’un pays où la réalité et faite de toutes les réalités, où tous les rêves se rencontrent et se dévoilent sur une palette de peintre, telle la cacophonie la plus parfaite qui soit ? La Thaïlande donne envie de revenir pour mille raisons sans liens apparents, et dans mille contextes possibles. Alors à bientôt et merci pour cette escale prolongée, d’ici-là, j’espère que le tourisme n’aura pas dévasté toutes tes plages et épuisé tous tes éléphants…

At the end, was this transition the confirmation that life is, in its true essence, made of these changes, passages, crossings, of this disorganization, of this non-linear time, of these contradictory adventures and these convictions that stumble into our days and get punched by reality discovered on the way? At the end, what better « neutral » place than Thailand and its thousands of colors and smells, its buddhist serenity and constant fuss, its extraordinary mountain views, of an untouched vertical jungle, and its modern extravagant urbanism? If it was about keeping my feet on the ground between both hemispheres , between my traveler life and my return home, what better place than a country where reality is made of all realities, where all dreams meet and unfold on a painter palette, like the most perfect cacophony? Thailand makes you want to come back for a thousand reasons without much coherence between them, and in a thousand different situations. Therefore, see you soon and thank you for that long stopover. By then, I hope that tourism will not have destroyed all your beaches and killed all your elephants… 

Comme il se doit, l’album photos est par ici ! A bientôt !

As always, you can view more pictures here ! See you soon !

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Asie

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