Tocumwal, l’Australie que j’ai découverte

Kangourou de Tocumwal

Nous ne sommes pas toujours forts et indépendants sur les routes. Nous ne sommes pas toujours à la recherche d’insécurité et de sensations exceptionnelles. Parfois, comme dans toute autre trajectoire de vie, il nous faut passer des étapes. Respirer, avancer, éviter de se prendre la prochaine vague avec violence. Cette violence nous percute de toutes façons bien assez souvent, quand on n’en veut pas, quand tout va bien, quand on n’est pas prêts à l’affronter.

Une grosse araignée

Pour tout un tas de raisons, j’avais ce besoin d’être rassurée, accueillie, confortée dans ma trajectoire personnelle en arrivant en Australie. Ma solution fut de rechercher un emploi dès le début de mon Visa Vacances Travail dans ce pays encore inconnu. Peut-être qu’avec un quotidien assez stable, des visages souriants et familiers, je serais, à ce moment de mon parcours, plus en accord avec moi-même. Je me surprends beaucoup à penser cela. Je me revois l’année précédente à mon arrivée en Nouvelle-Zélande, prête à tout braver, le manque de confort, le port de toutes mes affaires, l’incertitude d’être accueillie quelque part, les aléas. Je repense à cette confiance qui avait pris possession de ma personne. Je sais que ça reviendra, car je sais que cela fait partie de moi, dans la version la plus épanouie de moi-même. Mais en arrivant en Australie les choses étaient différentes.

Comme j’ai toujours cette chance insolente et ces coïncidences jouant en ma faveur, j’ai été de fil en aiguille mise en contact avec JB (« jeïbi ») qui a décidé de m’embaucher dans son restaurant, ou plutôt son pub, à Tocumwal, trois heures au Nord de Melbourne, dans ce que les Australiens appellent une « back country town ».

Tocumwal et son glorieux pub

Terminus Hotel

J’ai tout de suite été frappée par la gentillesse de JB, venu me chercher en personne à Melbourne. Le personnage m’a plu tout de suite, son implication pour son restaurant, son intérêt apparemment gratuit envers ma personne, sa volonté de partager un projet, de faire de moi sa complice. Enthousiasmant.

Bar de TocumwalLe soir-même et après l’accueil exceptionnel de John, un vieux copain de JB qui nous attendait en montrant son postérieur depuis le balcon, j’ai fait la connaissance de quelques unes des personnes qui allaient devenir mes amis dans les semaines suivantes. Charlotte et son sourire sans ombre, venue des Philippines et établie en Australie, John (le même) et sa femme Zoé, les voisins au coeur d’or, Patrick, barman non buveur d’alcool et deux fois plus haut que moi, Billy, le vieux Billy, fidèle au poste et tenant le bar de 15h à 17h du lundi au vendredi, Peter, disponible pour travailler au bar quand il ne joue pas aux boules, Jan, petit bout de femme asiatique talentueuse en cuisine et à l’enthousiasme infaillible, et Aaron, le chef de cuisine grincheux. Il y a aussi Sandy, la mamie de tout le monde, aidant en cuisine de temps en temps. Elle a aidé JB à préparer ma chambre, et m’a accueillie avec toute la bonté du monde.

Il est difficile de ne pas fondre en arrivant dans cette nouvelle maison, ma nouvelle maison.

Tocumwal en Australie

Mais avant même de prendre le temps de m’installer confortablement, je me suis réveillée aux aurores le lendemain et ai sauté dans mes baskets pour découvrir le village plongé dans le noir à mon arrivée. JB n’avait pas menti, le « centre ville » se compose d’une unique rue et de quelques magasins essentiels. Mais le voisinage est assez étendu et ce sont 2500 habitants qui occupent ces charmantes maisons. Mais surtout, Tocumwal est construite le long de la Murray River, cette rivière qui sert également de limite entre l’Etat du Victoria et celui de Nouvelles Galles du Sud. Nous sommes du côté de ce dernier.

Le pont historique de Tocumwal

cacatoesTout de suite, j’ai été éberluée par le vacarme infernal des oiseaux ce matin-là… J’ai appris ensuite que ce sont les corelas, plus bruyants encore que les nombreux cacatoès et autres perroquets qui habitent la Murray River et Tocumwal, qui s’époumonent au levé du soleil et traversent la rivière de part en part en groupe. C’est assez fascinant… Je suppose que tous ces gens qui campent au bord de l’eau n’ont nul besoin d’un réveil matin…

Cette rivière est magnifique, et tous ces eucalyptus, ou plutôt gum trees de leur nom australien, sont d’une hauteur impressionnante et d’une esthétique certaine avec leur tronc blanc, ocre, doré, les noeuds dans les branches et les petites feuilles vertes qui font le régal des oiseaux et des koalas

Koala de Tocumwal

Je suis sous le charme de l’endroit, et pas peu fière de travailler et vivre dans le plus beau bâtiment du village, ce pub historique construit en 1908, où les locaux et les voyageurs apprécient de s’arrêter le temps d’une bière ou d’un repas copieux et de qualité.

Rails du train de Tocumwal

Deux mois à Tocumwal

Travailler au pub me prenait l’essentiel de mon temps, et j’y ai passé de très bons moments. J’ai vite eu une position assez centrale dans l’équipe, travaillant tant en salle, qu’en cuisine et qu’au bar. Les clients fidèles ont vite fait ma connaissance, tous assez surpris et divertis par l’extraordinaire circonstance d’une petite Française venue travailler dans leur village. J’ai donc répondu cent fois par jour à la question « where are you from ? » (même si, il faut bien l’avouer, mon « léger » accent me trahit à tous les coups et souvent la réponse s’impose d’elle-même…), j’ai ri aux blagues, écouté les récits de voyages de tous ceux ayant déjà posé les orteils en France, affirmé que oui, je me sens très bien à Tocumwal et que je n’ai pas spécialement besoin d’être au coeur de Melbourne ou de Sydney pour l’instant…

Après quelques semaines, j’ai savouré le plaisir des clients m’appelant par mon prénom quand ils arrivent, voire même (si, si !) m’applaudissant quand j’entre dans le bar ! De tous les métiers que j’ai occupé en contact direct avec des clients, j’ai profité à Tocumwal des plus sympas et agréables. Croyez-moi, ça fait du bien…

Lumière du soir dans les arbres

Et puis après un petit temps d’intégration j’ai aussi passé d’excellents moments avec mes collègues, qui sont devenus des amis tant l’ambiance familiale vous pousse à être proches les uns des autres. J’ai accueillie Amy qui a commencé à travailler au pub peu après moi. Nous avons le même âge et nos vies sont totalement différentes, mais je suis devenue très proche de cette maman australienne à la personnalité ravissante. J’ai aussi passé de longues heures à discuter avec JB après le service, quand tout le monde a déserté le pub, un verre de Moscato à la main…

Kangourou dans la lumière du matin

J’ai aussi beaucoup apprécié me balader autour de Tocumwal, aller marcher le long de la rivière, où de nombreuses plages de sable fin offrent des espaces de détente idéaux, fondre à chaque fois que j’apercevais des kangourous, et même découvrir des koalas depuis le bateau d’un habitant de Tocumwal fier de me montrer sa rivière. J’ai été courir presque tous les deux jours. J’ai respiré, apprécié les couleurs éclatantes de ces petits perroquets vifs qui me passaient devant le nez, et des centaines de roselas aux plumes rouges et bleues.

Crepuscule australien

Echuca

Port d'EchucaN’ayant pas de voiture, je n’ai pas découvert énormément de lieux autour du village en lui-même, mais toutefois JB m’a emmenée voir Echuca lors d’une belle journée. Ce village également le long de la rivière a développé son tourisme autour des superbes paddle-steamer, ces bateaux qui remontent la Murray River depuis 150 ans à la force principale de l’eau, qui comme dans un moulin engrange de grosses roues et crée de l’énergie pour permettre au bateau d’avancer. Le musée qui explique d’histoire de cette rivière immense et de ces embarcations est très intéressant, et JB m’a même emmenée sur l’un de ces bateaux historiques pour passer un moment de détente en voguant sur la rivière.

Bateau d'Echuca

Evidemment, je n’avais pas du tout cette image de l’Australie, et je suis contente d’avoir pu découvrir la vie de ces habitants loin des grosses villes, leur caractère bien trempé et le charme de cette rivière… Visiblement les Australiens aiment l’endroit, comme en témoigne le nombre impressionnant de familles venues camper lors du week-end de Pâque sur les plages.

Camping à Tocumwal

J’ai quitté Tocumwal pour me frotter aux épines du travail en ferme, et évidemment c’est une toute autre histoire… Je vous en parle bientôt.

J’ai beaucoup de belles photos de ce joli village australien, alors je vous laisse les découvrir dans l’album consacré, en cliquant sur le lien comme d’habitude.

Racines des arbres de Tocumwal

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