Sydney et (surtout) les Blue Mountains

Blue Mountains

Sydney

Sydney, c’est là où j’ai posé le pied sur l’Australie pour la seconde fois de ma vie, en sortant de l’avion le 5 septembre dernier. En vérité, j’y avais déjà fait un bref passage, mais cette fois-ci j’avais avec moi à nouveau cette excitation du jour numéro un du voyage, plein de ses promesses et de la fatigue du jetlag. Mais chaque jour numéro un peut être bien différent des précédents. Et il faut bien le dire tel que cela s’est passé… J’ai eu beau essayer, Sydney ne m’a pas emportée. Son charme est resté bloqué derrière ses grands bâtiments froids, ses passages piétons où trop de monde traverse en même temps, le bruit des travaux, des voitures, la foule anonyme.

Darling Harbour

Bien sûr, Darling Harbour est un endroit très agréable où il fait bon se promener, The Rocks est un quartier historique riche, dont le petit musée sans prétention est d’ailleurs une mine de connaissances captivantes. Bien sûr l’Opéra est une merveille d’architecture, vu de la terre, de la mer, le jour, la nuit, le soir… Bien sûr le climat de Sydney est idéal, rappelant celui de Los Angeles ou de Nice. Bien sûr j’ai fait la petite marche entre Bondi Beach et Coogee Beach et j’ai vu les surfeurs et autres joggeurs au corps parfait… Bien sûr Manly Beach semble être ce quartier fait pour vouloir y poser ses valises quelques temps. Bien sûr Sydney est un essaim de culture et la ville la plus représentative de l’Australie, que dis-je, de l’Océanie toute entière…

L'Opéra de Sydney

Mais moi j’étais contente de prendre le train après quelques jours et de m’enfuir vers les Blue Mountains, mes affaires de camping dans mon sac, les chaussures de randonnée déjà aux pieds. On ne regarde pas toujours les lieux comme on lit un guide touristique. On n’explique pas toujours ce qui nous retient ou nous fait fuir. Les lieux sont comme les hommes, parfois les connections sont inattendues, soudaines, bouleversantes, et parfois ce en quoi l’on plaçait tant d’espoir s’avère décevant sans qu’on ne puisse bien l’expliquer, ou qu’on n’ai même envie de perdre du temps à le justifier. Et tant mieux, sinon nous n’aurions pas besoin de voyager, internet et les guides seraient entièrement suffisants.

le Harbour Bridge vu de la ville

Les Blue Mountains, dans la fraîcheur de septembre

L’avantage de Sydney, toutefois, c’est qu’un excellent réseau ferroviaire permet de rejoindre des tas de coins de nature dans quelques centaines de kilomètres à la ronde sans avoir donc besoin d’une voiture. Les Blue Mountains sont l’un d’entre eux, et probablement le plus connu. Je me suis arrêtée à Katoomba, petit village qui était alors perché sous un ciel bleu aussi étincelant que glacial en ce jour de septembre. J’ai enfilé mon bonnet en même temps que je plissais les yeux sous ce soleil radieux, puis après avoir déposé mes affaires dans une auberge de jeunesse vieillotte et apparemment déserte, j’ai rejoint ma copine Felicia pour une journée d’exploration.

chemin des Blue Mountains

Alors évidemment, nous nous sommes rendues au point de vue permettant de découvrir les trois soeurs changées en pierre pour l’éternité, selon une légende aborigène… Ces « Three Sisters » offrent un paysage grandiose sur ces montagnes sans pics. Les pauvres, selon la légende, elles étaient trois soeurs de la tribu Gundungurra, nommées Meehni, Wimlah et Gunnedoo. Elles étaient folles d’amour pour trois frères d’une tribu voisine, et le mariage leur était donc interdit avec ces hommes ennemis de leur peuple. Après des péripéties, la guerre fut donc déclarée et un homme au grand pouvoir de la tribu Gundungurra décida de transformer les trois soeurs en trois rochers somptueux, pour les protéger et qu’elles ne soient pas enlevées par les guerriers de cette tribu menaçante… Il souhaitait bien sûr leur rendre leur forme humaine dès que la guerre serait finie et qu’elles seraient loin de ce danger que l’amour avait jeté sur elles… Mais fallait-il que la légende en reste là ? Certainement pas… et ces pauvres amoureuses ne furent jamais libérées de leur sort, puisque cet homme sage – qui aurait du, selon moi, garder sa sagesse pour lui-même et surtout ne pas la diriger contre l’amour de ces trois femmes et de ces trois hommes – cet homme sage donc fut tué dans la bataille. Elles trônent donc là ces tragédiennes, sous les feux de millions d’appareils photos chaque année, quand des touristes comme Felicia et moi se précipitent en pensant à leur prochaine publication Instagram et en ignorant tout du destin tragique de ces femmes à l’amour inacceptable…

Les Three Sisters

Ah comme j’aime ces légendes qui nous expliquent les paysages… Je les préfère mille fois aux récits scientifiques et géologiques, je n’y peux rien !

Avec Felicia nous avons également admiré la cascade de Bridal Veil et d’autres jolis points de vue de cet endroit envoûtant. Puis elle s’en est retournée à sa maison sur la côte, pendant que je restais quelques jours de plus, un autre compagnon de route me rejoignant deux jours plus tard pour une jolie aventure.

Cascade Bridal Veil

Randonnée de trois jours dans les Blue Mountains

Avec Hugo, Finlandais rencontré à Sydney quelques jours auparavant, nous avions déterminé notre itinéraire. De Katoomba, nous allions donc parcourir puis quitter les sentiers très fréquentés du Scenic Railway, afin de rejoindre le Ruined Castle et ses flancs escarpés, puis de défier le Mount Solitary où nous prévoyions d’installer notre première nuit de camping. Ensuite nous redescendrions tout le dénivelé grimpé la veille jusqu’à atteindre la rivière Kedumba qui nous accueillerait pour une seconde nuit. Puis le troisième jour de randonnée verrait comme dernier objectif d’atteindre la cascade de Wentworth Falls et de prendre le train pour rentrer à Sydney…

Rocher

Ce furent trois jours de paix, de calme, de sérénité… Oui, ce sont les mots qui me viennent en y repensant. Le climat était idéal, tout ensoleillé et sec, proche de cinq degrés la nuit mais de vingt-cinq le jour. Notre petit duo de randonneurs s’accordait bien, et les oiseaux nous accompagnaient avec gaieté et même avec humour. Les rochers du Mount Solitary nous donnèrent la satisfaction propre aux défis dont on redemande à force de partir marcher dans la nature. La rivière nous réjouit après deux jours sans pouvoir recharger nos gourdes, que nous avions bien remplies au départ. Le silence des deux campings où nous étions seuls fut apprécié. Je partageai la joie d’Hugo qui vit son premier kangourou sauvage au matin du troisième jour, après quelques pas seulement et à quelques mètres de là où nous avions dormi… C’était bon.

Blue Mountains

Voilà ce qu’il y avait dans ma tête lors du premier soir de camping, et que j’ai retrouvé tel quel dans mon journal :

« J’y suis, nageant dans cette satisfaction sereine. Toute seule dans ma tente adorée. Sur le versant sud du Mount Solitary. (…) Il y a Hugo plus loin dans son hamac. (…) Je l’ai si bien vécue cette ascension escarpée où mes mains ont choisi leurs prises, puis mes pieds, calmement, précautionneusement. J’étais décidée à aller de l’avant. Je suis ravie de cette journée. En plus, c’était sublime, différent de tout ce que j’ai vu avant. Le décor des Blue Mountains, s’il semble moins extraordinaire que d’autres chaînes montagneuses plus en pics et en reliefs, s’apprivoise. Ces falaises abruptes, jaunes et oranges, qui tombent comme des murs dans les forêts denses et vallonnées, ces montagnes aux toits plats, longs, qui forment des arcs de cercle protégeant des vallées et abritant des oiseaux et des plantes plus attrayants les uns que les autres. Et quand la lumière baisse, les rayons du soleil venant caresser horizontalement ce paysage, laissant apprécier uniquement les couches du fond, au loin, derrières les forêts en contrebas… »

Comme toujours, je vous ai réservé un petit album photos disponible en cliquant sur ce lien. A bientôt.

Coucher de soleil sur les Blue Mountains

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