Il me faut rendre hommage à ce pays qui m’ouvre grand ses bras, à nouveau, et qui me sert fort fort fort quand j’en ai tellement besoin.
Il me faut rendre hommage à ces levers de soleil incomparables, à ces ciels incroyables, ces nuages exubérants, ces lumières défiant la beauté, ces pluies ensoleillées, ces étoiles envoûtantes.
Il me faut rendre hommage à ces moutons qui m’ont tant manqué, aux joyeux fantails et leurs autres copains oiseaux, qui m’ont fait comme des piaillements de bonheur dans le coeur.
Il me faut rendre hommage aux rencontres incessantes que provoque ce pays magique, sur la route en faisant du stop, dans les auberges de jeunesse, sur les chemins de randonnée.
Il me faut rendre hommage aux kiwis au grand coeur, qui devraient donner des cours d’humanité et de relations humaines au reste de la planète.
Il me faut rendre hommage aux légumes du jardin, à la pluie qui rend toutes ces terres vertes et juteuses, toutes ces cascades puissantes et toutes ces rivières ravissantes.
Il me faut rendre hommage à cette magie qui semble agir sans cesse en ma faveur en Nouvelle-Zélande, m’offrant les plus belles surprises aux meilleurs moments.
Il me faut rendre hommage à la vie qui m’a conduite jusqu’à ce bout du monde et me fait y revenir une seconde fois, en particulier à Invercargill, mon endroit spécial à titre personnel, et son auberge de jeunesse formidable, de loin la meilleure des meilleures, le Southern Comfort Backpackers.
Car voyager pour moi, ce n’est pas seulement découvrir toujours plus d’endroits et s’enthousiasmer des nouveautés et des constants dépaysements. Voyager, c’est aussi vivre pleinement la richesse des lieux qui nous accueillent. C’est revenir où l’air était si pur à respirer, c’est se souvenir des émotions particulières et des énergies incroyables ressenties dans ces quatre coins du monde. Voyager c’est tomber amoureux de lieux et de personnes à l’infini et rendre visite aux bouts de notre coeur éparpillés sur le globe. Voyager, ce n’est pas se couper de ses racines, c’est les étendre, apprendre à les replanter, devenir un être vivant multiple et aux reflets changeants. Voyager, c’est écouter le bruit de ses pas plutôt que celui d’une foule au milieu de laquelle on est étranger. C’est lire le sourire sur les lèvres des gens qui croisent notre route, c’est écouter leurs aventures et leurs passions, parler de leurs problématiques personnelles, partager des philosophies de vie, des considérations profondes, des blagues légères… Plutôt que des récits de carrières et de réussites sociales diverses. Voyager, c’est apprendre à toucher à l’essence, à ne plus comparer, à ne plus juger. A embrasser.
Voyager, c’est accueillir le monde comme il nous accueille. Le chérir, le choyer, le respecter. C’est sentir qu’on en fait partie et que la richesse est là dans le frémissement des feuilles et les petits évènements qui surviennent au quotidien. C’est être attentif, c’est être éveillé. Voyager, c’est préférer le naturel au superficiel, l’égalité à la domination, la paix au conflit, le partage à la possession.
Voyager c’est revenir. Chez soi, ou de l’autre côté, là où le coeur bat plus fort qu’ailleurs. Mais surtout, voyager, c’est enfoncer les barrières, briser les armures, supprimer les filtres et les voiles. C’est revenir. A soi-même.
Finalement, voyager, après tout ce temps déjà passé sur les routes, c’est devenu vivre pour moi, vivre d’une intensité que je n’aurais jamais connu si je n’étais pas partie. A présent, j’ai appris. Je n’ai plus peur. A présent si le voyage est ma vie, je sais aussi que ma vie est un voyage, je sais comment tenir le gouvernail, dans les tempêtes ou dans les moments de grâce. Merci à la Nouvelle-Zélande, ce pays qui est devenu mon maître en navigation. Et merci à tous ceux qui croisent mon chemin, ici ou ailleurs.
