Coromandel, partie 2 : Pinnacles Track et le Sud de la péninsule

Après les belles surprises qu’elle m’avait déjà offertes, j’étais sous le charme de la Péninsule de Coromandel… Et pourtant c’était loin d’être fini ! Ayant entendu parler d’une jolie randonnée à faire en deux jours au Sud de la Péninsule, je me suis donc rendue à Thames dans l’espoir de la découvrir…

Pinnacles Track, toujours plus haut !

A Thames, où m’ont déposée deux amis venus des îles Samoas et installés définitivement en Nouvelle-Zélande, j’avais rendez-vous avec une femme contactée par le site du couchsurfing, une fois de plus. Et j’ai alors fait une rencontre époustouflante. La gentillesse de mon hôte, professeure des écoles à la retraite, vivant avec ses deux fils et sa chienne, m’a vraiment fait chaud au coeur. J’ai eu le plaisir de dormir dans une mini roulotte installée dans le jardin, juste assez grande pour contenir un matelas simple, quelques bouquins, des rideaux à fleur… Pittoresque, poétique, tout ce qu’il me fallait ! Nous avons passé de longs moments à discuter toutes les deux, et cette femme m’est apparue comme un modèle d’humanité, d’intelligence, de dynamisme, d’enthousiasme… Les années nous séparant n’ont fait qu’augmenter mon admiration pour cette personne extraordinaire, alors qu’elle me racontait ses diverses aventures, les montagnes qu’elle a grimpé récemment, même chaussée de crampons, les quatre jours d’affilé qu’elle a passé en kayak, les 80 kilomètres de vélo qu’elle a fait en une journée, ses voyages en van dans le pays… Tous ces récits m’étant comptés dans la bonne odeur des légumes du jardin, un verre de vin à la main, un muffin prévu pour le dessert…

J’aurais pu aisément m’y attendre, mais excitée à l’idée de ma randonnée aux Pinnacles, mon hôte a tenu à m’y conduire, et à m’accompagner sur le début du trajet. Quand elle a vu ma tenue (caleçon de sport, débardeur globalement), elle a levé les sourcils et m’a demandé pourquoi je n’y allais pas en short… Euh, je ne sais pas en fait. Du coup, ça l’a fait rire et elle m’a dit que tous les Néo-Zélandais sauraient que j’étais une touriste, car ici, on marche en short ! Bon, bon, d’accord… Autre moment de solitude pour moi : quand nous sommes arrivées au début du sentier, il fallait traverser une rivière. Incomparable avec la rivière du Tongariro Nothern Circuit, non, cette fois-ci la rivière était assez basse mais large, alors il fallait choisir par où la traverser et sur quelles pierres marcher. Je me sentais assez sereine, mais quelle ne fut pas ma surprise quand, posant un orteil sur la première pierre, je m’aperçus que ma copine de 70 ans était déjà de l’autre côté à m’attendre. Voyant certainement mon manque d’assurance, elle a même fait demi-tour pour me guider… Bon, sans commentaire, on est kiwi ou on ne l’est pas… Après une vingtaine de minutes, nous nous sommes séparées et j’ai continué seule cette marche exceptionnelle.

J’ai donc fait la randonnée des Pinnacles en commençant par le Billygoat Track. Je suis partie pour environ quatre heures de montée, plutôt intense, pas toujours rassurante avec des pierres très glissantes, un peu de boue, et des points de vue de plus en plus dramatiques sur les Pinnacles… Ah mais j’ai oublié de vous dire ce que sont les Pinnacles… Je pense qu’on pourrait traduire ce terme par « pics » ou « cimes ». A cet endroit précis, qui s’appelle la Vallée Kauaeranga, il s’agit d’un phénomène naturel exceptionnel. Apparemment, le sud du Coromandel était, il y a bien longtemps, un immense volcan. Celui-ci a finalement plus ou moins disparu, ses parois s’affaissant sous l’effet de l’érosion. Les Pinnacles, pics rocheux qui s’étaient formés à l’intérieur du cratère, sont alors apparus au grand jour… Incroyable, non ? Evidemment, le paysage est époustouflant, avec des dénivelés et des gorges incroyables. Mais il faut monter pour en profiter… J’ai passé beaucoup de temps à contempler ce chemin, cette végétation toujours aussi luxuriante, ces oiseaux indomptables, mais aussi ce chemin de fer dont il reste quelques vestiges, et qui permettait de transporter d’énormes wagons remplis de bois…

Cette partie de la randonnée accomplie fièrement, je suis arrivée à la hut, superbe, nichée dans un verdure dense et intense… Prévue pour 80 personnes, elle n’accueillait que cinq marcheurs ce soir-là, alors c’était royal ! Comme il était encore tôt, j’ai décidé d’entreprendre la dernière partie de la randonnée, à savoir grimper tout en haut de ce joli rocher. Grimper est le bon terme, voire même escalader à vrai dire. La fin du parcours était grisante, et j’avoue que j’étais bien contente de rencontrer Zach juste à cet endroit, pour accomplir les derniers mètres. La vue était à couper le souffle, et cette sensation de m’être surpassée, d’être de plus en plus à l’aise dans ces parcours sensationnels, de ressentir de l’adrénaline plutôt que de la panique, m’a comblée d’un bonheur inexplicable.

En fait, cela m’a tellement plu que je l’ai refait le lendemain aux aurores. Je suis partie dans la nuit et j’ai recommencé, toute seule, à grimper. Aucune appréhension, aucun doute. Je n’ai pas profité d’un réel levé de soleil car le ciel était couvert, mais j’ai senti le jour arriver, la lumière pénétrer la vallée timidement, les couleurs apparaître. Et j’étais là, accrochée à la falaise, calme, et tellement vivante une fois de plus.

De retour à la hut et après un second petit-déjeuner, je suis partie avec Zack, cet américain rencontré la veille, par l’autre route, appelée Webb Creek Track. Bien plus facile, avec de nombreuses marches d’escalier, mais aussi des petits ponts suspendus ça et là, ce chemin était très plaisant également, très différent de l’aller. Une randonnée que je vous recommande donc, vraiment…

Retrouvailles avec Kathy et Franck

Mon départ de Thames a été assez extraordinaire… Après que mon hôte adorée m’ait déposée à un endroit stratégique pour le stop, je n’ai pas eu le temps de lever le pouce qu’un énorme camion transportant des troncs d’arbres s’est arrêté en me faisant signe… J’ai un peu hésité mais son conducteur est sorti avec un grand sourire et m’a demandé où j’allais. Il y avait moins d’une demie heure de route, et j’ai donc voyagé dans ce gros camion, c’était très marrant ! Nous avons bien discuté, j’ai eu droit notamment aux questions sur les attentats en France et les migrants, toutes ces réjouissances que les Néo-Zélandais entendent sur notre beau pays… Il m’a donc déposée à Paeroa, où j’avais rendez-vous avec Kathy et Franck, souvenez-vous, je vous en avais parlé dans le dernier article… Ils sont venus de Tauranga spécialement pour moi, et ont décidé de me faire visiter quelques coins avant de m’inviter à passer trois jours chez eux… J’ai l’impression qu’ici, rien n’arrête ce flux de rencontres formidables qui vous gonflent de bons sentiments…

Nous avons donc passé une très agréable journée tous les trois. Nous avons visité les Gorges de Karangahake, où des sentiers faciles d’accès permettent de découvrir les tunnels des anciennes mines d’or. L’endroit est magnifique, et nous avons bénéficié d’une journée très ensoleillée ! La discussion allait bon train avec Kathy et Franck, qui me parlaient de leurs enfants voyageurs, et me posaient mille questions sur ma vie et mes projets. Ils sont d’une sincérité bouleversante et d’un naturel apaisant… Je me suis dit que les gens que l’on croisait devaient sûrement penser que j’étais leur fille… Cette idée m’a fait tout drôle.

Ensuite, nous nous sommes rendus à Waihi, petite ville qui fut également très marquée par les découvertes d’or du dix-neuvième siècle, à tel point qu’une partie s’est effondrée à cause des tunnels creusés en son sous-sol. Aujourd’hui, des extractions continuent d’avoir lieu dans une grande carrière à ciel ouvert. Un peu plus loin, il y a la plage de Waihi, où nous avons pique-niqué et nous sommes promenés sur un petit sentier côtier.