Cinq jours de randonnée incomparables sur le Jatbula Trail

Cascade et crépuscule

Pourquoi le Jatbula Trail ?

S’il y avait une chose de certaine quand je suis arrivée à Darwin en juin, c’est que les randonnées de plusieurs jours me manquaient, l’Overland Track en Tasmanie fini en février se faisant déjà lointain, le plus court Routeburn Track en Nouvelle Zélande le mois suivant également… Mais le plan était d’abord de travailler à Darwin, et j’avais d’ailleurs trouvé un emploi en trois jours. Prochaine opportunité, la visite de ma copine Amandine en août, qui avait décidé de venir passer ses congés avec moi en Australie, et qui en plus était motivée par la découverte de mes aventures et randonnées à « l’autre bout du monde ».

One thing was certain when I landed in Darwin in June: I was missing overnight hikes. The Overland Track in Tasmania last February was already long time ago, and so was the shorter Routeburn Track in New Zealand in March… But my plan was first to work in Darwin, and I had actually found a job in three days. The next opportunity was therefore the visit of my friend Amandine in August, who had decided to come spend her holidays with me in Australia, and who was motivated about hiking and discovering my adventures on the « other side of the world ».

Aube, Jatbula Trail

Je me suis renseignée et je l’ai trouvé, le Jatbula Trail. Nitmiluk National Park au sud de Kakadu National Park, dans la région tropicale du Northern Territory d’Australie. Déjà, rien que quand les noms commencent à résonner dans ma tête comme des mots magiques, je sens que c’est bon signe. Il fallait quelque chose qui convienne pour une première expérience de randonnée sur plusieurs jours, puisqu’Amandine n’en avait jamais fait. Le Jatbula Trail donc… Randonnée d’une soixantaine de kilomètres faisable en 5 à 6 jours, principalement sur un terrain plat et avec pour essentiel élément à prendre en compte les fortes chaleurs et le besoin de porter des réserves en eau importantes… Des campings nichés dans des sites exceptionnels où l’on peut se baigner chaque soir. Pas une goutte de pluie en août. Trop facile. Le prix ? Environ 3 dollars par camping, et l’organisation des transports d’un bout à l’autre. Ok, j’étais plus que décidée.

I did my researches and I found it, the Jatbula Trail. Nitmiluk National Park, South of Kakadu National Park, in the tropical Northern Territory of Australia. When names sound to me like magic words, I already know that it is a good sign. I needed something that would be fine for a first overnight hike, as Amandine had never done that before. So, the Jatbula Trail… Sixty kilometers hike on a flat land, doable in 5 to 6 days, with the main issue of dealing with the heat and the need for water. With campsites located next to exceptional swimming spots every night. No rain in August. Too easy. The price? About 3 dollars per campsite, and the transports from one end to the other. Ok, I was totally in. 

La savane du Jatbula Trail

La réservation ne fut pas évidente, car seulement 15 marcheurs sont autorisés à commencer la randonnée chaque jour, et tout était complet en août. Mais comme je suis une petite chanceuse parfois, quelques semaines plus tard je pus bénéficier d’un désistement et réserver nos places pour le 14 août. Puis il fallut attendre l’arrivée de ma copine, continuer mon boulot en lorgnant sur le calendrier de temps en temps d’un oeil et sur ma tente et mes chaussures de randonnée dans un coin de l’appart de l’autre. Et enfin elle arriva ! Les premiers jours furent principalement consacrés à ce qu’elle se remette du jetlag, à fêter nos retrouvailles, et à préparer notre aventure. Cela nous prit pas mal de temps et d’énergie, mais la motivation était au rendez-vous.

Booking was not an easy task, as only 15 hikers are allowed to start the track each day, and it was fully booked in August. But as I am a lucky girl sometimes, a few weeks later I could benefit from a cancellation and book our spots for the 14th of August. Then I had to wait for my friend to arrive, still working with one eye wandering on the calendar while the other was busy watching my tent and hiking boots on a corner of my flat… But finally she got here ! The first days were mainly about recovering from the jetlag, celebrating our reunion, and prepare our adventure. It took us quite a lot of time and energy, but we were very motivated. 

Randonnée entre copines

Les premières craintes d’Amandine, que je n’avais pas trop anticipées, émergèrent, à savoir : et les serpents ? mmmmh vrai vrai vrai… Que répondre à sa copine qui a peur des serpents quelques jours avant de l’embarquer dans une marche de 5 jours en autonomie, à dormir sous tente, dans un parc national préservé de l’homme, dans une région tropicale de l’Australie ? Lui parler de tous les autres risques afin de minimiser celui des serpents, comme la présence des autres animaux, buffalos, sangliers, araignées, la possibilité de feux dus à la sècheresse des sols et des végétaux, les risques causés par l’exposition à la chaleur et le manque d’eau, le fait que nous n’allions pas avoir de réception téléphonique sur toute la durée de la randonnée ? Peut-être pas… Ou du moins pas tout d’un coup. En fait je ne sais même pas trop comment je m’y suis prise et je ne suis même pas sûre que j’ai réussi à la rassurer. De mon côté, j’avais confiance. Non pas que les serpents et autres risques me laissent indifférente, mais je le sentais bien, c’est tout. Alors bien sûr, nous avons pris le temps de discuter de tout cela, de vérifier nos trousses de secours ensemble, de préparer notre équipement et notre nourriture et eau très consciencieusement, nous avons acheté des capsules pour traiter l’eau et d’autres pour prévenir de la déshydratation, et nous nous sommes équipées d’un PLB, petit boitier contenant un récepteur GPS indiquant notre position à tout moment et un bouton unique qui appelle instantanément les secours les plus proches via des transmissions satellites, bref, magique et au top de la technologie et de la sécurité. Après toute cette préparation, je me sentais extrêmement fière de nous, très heureuse d’être rodée et parée pour cette aventure, et de voir Amandine aussi pleine de détermination et d’entrain.

The first worries of Amandine, that I had not anticipated, arose: and the snakes? mmmmmhh true, true, true… How was I suppose to answer my friend afraid by snakes just a few days before taking her on a 5 days independent hike, camping each night, in a national park preserved from people, in a tropical region of Australia? Maybe I had to talk about all the other risks so it would minimize the snakes issue, like the presence of other animals, buffalos, wild pigs, spiders, the possibility of fires caused by the dryness of the land and plants, the risks caused by heat exposure and need for water, the fact that we would not have any phone coverage for the whole duration of the track? Maybe not… Or maybe not everything in once. Actually I do not know how I did answer and if I ever managed to comfort her a little bit. Personally I was confident. Not that I was indifferent to snakes and other risks, but I was feeling good about this hike, that is all. Of course, we took some time to talk about it all, check our first aid kit, , prepare our gear, food and water carefully, we bought some pills to treat the water, some others to prevent dehydration, and even decided to get a PLB, little high technology item able to locate you with a GPS system and to send a message through satellite to the nearest rescue agent if you would press the only button. Magic and extra safe. After all this preparation, I was feeling proud of us, happy to be so ready for this adventure, and to see Amandine full of determination and willingness. 

Libellule rouge sur le Jatbula Trail

Le 13 août, nous étions à Nitmiluk National Park et écoutions le briefing du ranger, actant notre départ pour le lendemain matin, à 7 heures.

On the 13th of August, we were at Nitmiluk National Park listening to the ranger’s briefing, signing in for our departure on the next morning, at 7am. 

Les deux premiers jours sur le Jatbula Trail : découverte de l’environnement et lente familiarisation

Le bateau nous avait déposé de l’autre côté de la rivière au levé du soleil, nous avions ajusté nos sacs sur les premiers kilomètres, pris un rythme assez tranquille pour démarrer, laissant Jo et Allan, que nous venions de rencontrer, nous devancer. Le paysage était sec, très sec, avec ici et là des zones de sol noir, récemment brûlé, sur lequel des pousses vertes s’offraient fraîchement au soleil, comme la vie renaît si bien du feu en Australie. Le silence. L’absence des bruits de l’homme et de ses machines. La présence de nous et de chacun de nos pas dans cette nature incapturée. L’apparition dans mon monde de ces plantes que je ne connaissais pas, de ces odeurs pour la première fois, des craquements secs sous nos semelles, des mouvements furtifs de tous côtés, lézards, oiseaux, et leurs amis, guettant notre passage chez eux, l’esprit en alerte. Et tout ce qui revient avec familiarité, comme ces sensations qu’on a tous en « rentrant à la maison », et qu’en tant que marcheur on semble chérir avec plus de dévotion à chaque nouvelle randonnée de plusieurs jours. Le sac qui prend sa place sur nos épaules, nous permettant d’être autonome pour les prochains jours, l’excitation de savoir le téléphone privé de réception et bientôt oublié au fond d’une poche, le bonheur de respirer, un, deux, trois, à grandes bouffées d’air, puisque c’est parti, et qu’il n’y a presque plus que ça à se soucier. Sur les premiers kilomètres, cette conscience de chaque fois que le pied se pose sur une terre que l’on va bientôt aimer tendrement de l’avoir foulée longtemps. Ce sentiment de rencontre, d’apprentissage silencieux, d’engagement mutuel entre une nature qui se révèle et un être minuscule qui lui demande de se laisser admirer. Le bonheur de l’incertitude de ce que les jours vont apporter, mais de la certitude qu’ils vont apporter beaucoup et que la vie va vibrer à 100% de son intensité. Les premiers kilomètres, cette promesse d’aller jusqu’aux derniers, de passer par tous les changements du paysage autour de nous et tous ceux de ce monde au fond de nous-même.

The boat had left us on the other side of the river at sunrise, then we had adjust our backpacks on the first few kilometers, following a rather slow pace at first, letting Jo and Allan, that we had just met, pass us. The landscape was dry, very dry, with some dark parts, recently burnt, on where some fresh green plants were growing into the sun happily, as life restarts so quickly after the fire in Australia. Silence. The absence of human and machines noise. The presence of us and of each of our steps in this wild nature. The coming in my world of plants I did not know, new smells, the noise of the dry leaves under our shoes and of the quick run of some lizards, birds, and their friends, looking at us passing through their home, probably worried. And all that comes back with a familiar feeling, like « coming home », and that, as a hiker, you seem to be devoted about more and more with each new overnight hike. The backpack that take his spot on our shoulder, key for an independent way of life over a few days, the excitement of knowing your phone out of signal and soon forgotten in one of your pockets, the joy to breath, one, two, three, long breathings, as this is one of the only things you have to care about from now on. On the first kilometers, this consciousness of each time that your foot touches the ground, on a land you will soon cherish for walking on it that much. This feeling of meeting, of quiet learning, of mutual involvement between a nature that opens up and a tiny being that ask her for the right to admire her. The joy of uncertainty about what the days will bring but of the certainty they will bring much and that life will vibrate at 100% of its intensity. The first kilometers, this promise to go until the last ones, and through all the changes of the landscapes around us, and of our inner world.

Cascade, Jatbula Trail

Nous fîmes une pause à un premier petit lac dans le creux de falaises monumentales, sentîmes la chaleur s’intensifier assez rapidement, puis nous arrivâmes à Bibblecombe Cascades, qui s’avéra être un vrai coin de paradis. Se baigner au sommet d’une cascade, c’est plutôt génial. Seules, c’est encore mieux. Notre première journée avait été des plus parfaites et apaisantes, et le seul incident qu’il faut quand même que je note ici, c’est qu’après des heures à admirer les perroquets et les oiseaux, des petits malins crurent drôle de mmmh déféquer du haut de leur branche, sur nous, littéralement l’une après l’autre. Cela ne nous coupa pas l’appétit et après avoir bougé plusieurs fois notre « salle à manger » nous profitâmes de notre premier dîner dans les lumières du soir, avant de retourner à la cascades pour le coucher du soleil et l’apparition des étoiles.

We had a first break by a waterhole set on the shade of huge cliffs, then the heat started to raise until we reached Bibblecombe Cascades, a true paradise. To have a bath on top of a waterfall is pretty awesome. Alone, even better. Our first day had been perfect and peaceful, and the only incident I should still report here is that, after hours admiring parrots and birds, these little evils decided to… shit on us, one after the other. We were still hungry and after moving twice our « dinner table », we enjoyed our meal in the evening lights before going back to the waterfall for watching sunset and stars. 

Bibblecomb Cascades

Nous dormîmes profondément et longtemps, comme cela serait le cas chaque nuit sur le Jatbula Trail. Nous partîmes les premières de bon matin, mais Jo nous dépassa vite . Nos sens étaient en alerte. J’avais senti l’odeur du buffalo plusieurs fois et nous avions repéré ses énormes bouses fraîches sur le chemin la veille. J’avais un peu d’appréhension à l’idée de me retrouver face à un buffalo sauvage. Quant à Amandine, elle n’appréciait qu’à moitié ce paysage de savane somptueux dans lequel nous évoluions, puisqu’en effet nous marchions parmi des herbes jaunes et sèches très hautes, qui pouvaient potentiellement dissimuler des tas de serpents. Mais aucun d’entre eux ne croisa notre route, et le buffalo resta loin de notre champ de vision.

We had a long and deep sleep, as it would happen every night on the Jatbula Trail. We were the first to leave in the early morning, but Jo passed us pretty soon. Our senses were fully awaken. I had smelled the buffalo a few times and we had noticed his big fresh poo on the track the day before. I was a bit worried about finding ourselves facing a wild buffalo. Amandine, on her side, was not too much in love with this beautiful savanna through which we were walking, because indeed this high dry and yellow grass could potentially hide a bunch of snakes. But none of them came out, and the buffalo stayed out of sight. 

Savane sur le Jatbula Trail

Par contre, soudainement, dépassant des hautes herbes à peut-être trois mètres devant mois, c’est le dos d’un énorme cochon noir sauvage que je vis se déplacer. Je me figeai et entraînai Amandine sur quelques pas à reculons, m’efforçant d’être silencieuse et de ne pas courir. Respirer. Il y a une première fois à tout et c’en était une pour moi. Mais le cochon nous contourna largement et nous avançâmes à nouveau. Amandine n’avait même pas eu peur, et finalement je me dis que je pouvais cocher cette nouvelle case et que je venais de gagner en expérience. Plus loin, Jo nous attendait près de belles formations rocheuses et nous montra des peintures aborigènes qu’il avait repérés, très gentiment. Bientôt nous arrivâmes au camping et installâmes nos affaires au bord d’une large rivière qu’il nous faudrait visiblement traverser le lendemain.

However, suddenly, through the high grass and maybe just three meters ahead, I saw the back of a huge wild black pig moving around. I froze and took Amandine back for a few meters, trying to be silent and to not start running. Breathing. There is a first time for everything and that was one for me. But the pig went around us and we went ahead again. Amandine had not been scared, and at the end I thought I could tick this box and had just gain some experience. A bit further, Jo was waiting for us near beautiful rocks to show us some aboriginal paintings he had discovered, very nicely. Soon, we reached the campsite and set our stuff by a large river that we would apparently have to cross on the next morning. 

Rivière sur le Jatbula Trail

Traversée de rivière

Le troisième jour du Jatbula Trail : l’esprit d’équipe est formé

En cette deuxième soirée, nous fîmes plus connaissance avec les autres marcheurs. Il y avait un groupe avec un guide qui restaient de leur côté, et nous n’étions, en marcheurs indépendants, qu’un tout petit nombre. Allan, notre doyen, propriétaire d’une ferme de moutons aux alentours de Melbourne, aventurier expérimenté et blagueur infatigable, auquel nous nous attachâmes un peu plus chaque jour. Jo, père de famille de Darwin et prenant une pause pour refaire cette randonnée qu’il avait déjà parcouru des années auparavant. Pour nous, il devint vite « Jo the explorer ». Et Ross et Grant, deux frères Néo-Zélandais, se rejoignant en express pour marcher ensemble ici, vite renommés les « kiwi brothers », d’une gentillesse et d’un naturel unique, des kiwis quoi… Et nous deux, les cheeky chicks, comme nous nous étions baptisées nous-mêmes après avoir découvert la couleur jaune poussin de notre voiture de location. Il y avait aussi Lauren, mais nous ne la vîmes que deux soirées, puisqu’elle était de cette catégorie d’intrépides qui passent les campings et font deux journées en une. Nous pensions à elle quand nous paressions à l’ombre avec un bouquin l’après-midi.

On this second night, we met up a bit more with the other hikers. There was a group with a guide, staying by themselves, and we were, as independent hikers, a very few individuals. Allan, our older buddy, sheep farm owner near Melbourne, experimented adventurer and endless joker, to whom we got attached more days after days. Jo, dad of a family living in Darwin, taking a break from work to re-do this hike he had enjoyed years before. For us, he soon became « Jo the explorer ». And Ross and Grant, two brothers from New Zealand, catching up here for one more hike, soon renamed the « kiwi brothers », extremely nice and friendly people, well, kiwis… And us two, the cheeky chicks as we decided to name ourselves after discovering our yellow renting car. There was also Lauren, but we saw her only twice, as she was in this category of fast fearless hikers, skipping campsite and doing two days in one. We were thinking about her while resting in the shadow with a book for hours in the afternoon. 

Camping et lecture en randonnée

Le troisième jour donc, il fallut commencer par traverser cette rivière, ce qui est toujours un peu redoutable à mes yeux. Mais c’était très facile et nous avions repéré le meilleur passage la veille. L’eau n’était même pas froide et Jo eût la gentillesse d’attendre que nous et Allan ayons tous atteint l’autre rive avant de partir ouvrir la voie pour le reste de la journée. Les kiwi brothers, eux, préféraient se lever tard et partir loin derrière. Pour nous, marcher tôt et profiter de deux heures plus fraîches avant la montée des grosses chaleurs et l’arrivée des mouches en furies, semblait la meilleure solution. Et puis nous nous endormions chaque soir très tôt, la nuit se couchant vers 19 heures, alors c’était idéal.

On the third day then, we had to start by crossing this river, which is always a bit scary for me. But it was actually very easy as we had spot the best way to go on the previous afternoon. The water was not even cold and Jo had this kindness to wait until us and Allan had all crossed safely before heading first for the rest of the day. The kiwi brothers would rather have late mornings and leave far behind us. For us, walking early and enjoying two fresher hours before too much heat and crazy flies seemed to be the best choice. Also, we would fall asleep very early every night, the sunset finishing around 7pm, so it was ideal. 

Lumière matinale

Les deux derniers jours du Jatbula Trail : serpents ?

Notre troisième camping, à nouveau extraordinaire de beauté, était au sommet d’une autre cascade, gigantesque, et que nous avions pu apercevoir depuis le chemin. Nous avions appris que des crocodiles vivaient tout en bas, ce qui ajoutait un peu de piment à l’endroit, par ailleurs d’un calme incroyable. Nous avions pris le rythme de notre petite vie de randonneuses, et nous étions de très bonne humeur, surtout une fois le bain quotidien effectué. La vie était simple, facile, agréable et nous formions un duo de copines randonneuses d’une perfection assez exceptionnelle. Nous rigolions bien, discutions beaucoup, et vivions au même rythme et en harmonie. Nos rituels étaient en place, monter la tente, préparer le dîner, ce genre de choses. Pouvoir partager tout cela avec une amie proche avait pour moi une valeur énorme, et la voir s’épanouir autant dans l’aventure n’avait pas de prix.

Our third campsite, once again of an extraordinary beauty, was on top of another waterfall, huge, and that he had seen from the track. We had learnt that some crocodiles were living at the bottom, and that would add a bit of spicy to the place, beside it was so peaceful. We were set on our hikers life rythme, and were in an excellent mood, especially after our daily bath. Life was simple, easy, pleasant and we were making a wonderful team of friends hiking together. We had good laughs, good chats and were in a great harmony. Our rituals were clear, setting the tent, preparing dinner, this kind of things. To be able to share this with a close friend was very valuable for me, and to see her enjoying the adventure that much was priceless. 

Randonnée Nitmiluk National Park

Lors de la quatrième journée, les craintes d’Amandine au sujet des serpents étaient à leur comble et la tension régnait depuis un bon moment à ce sujet, à mesure que nous marchions presque exclusivement dans de hautes herbes. Je crois que l’atmosphère commençait à se détendre quand soudain j’entendis un frémissement juste derrière moi et me retournai, voyant Amandine pétrifiée. Je lui dis que ce n’était rien, probablement le bruit de mon passage dans les branches, et elle répondit sûre d’elle « non ce n’était pas toi » et là, juste entre nous deux sur le côté du chemin, cette haute végétation frémit à nouveau, pas du frémissement léger provoqué par le passage d’un lézard. Non. C’était… différent. Difficile de douter. Il y avait un serpent juste entre nous deux à quelques centimètres du chemin, et il était dissimulé sous les herbes. Il savait très bien qu’on était là. « Avance copine, viens, avance », et je tendis la main à Amandine, dont les yeux s’accrochèrent aux miens le temps de parcourir les deux mètres qui nous séparaient et de continuer à avancer le coeur battant à tout rompre sur quelques dizaines de mètres avant de nous arrêter pour souffler, les larmes d’émotion aux yeux et un rire nerveux s’échappant. Calinou de copines et nous étions reparties. Heureusement nous étions presque arrivées pour ce soir-là.

On day four, Amandine’s fear for snakes was raising and tension was high for a while about it, while we were almost exclusively hiking through tall grass. I think that the atmosphere was slowly getting more relax when suddenly, I heard a brief simmering just behind me and turned back, watching Amandine petrified. I said it was nothing, probably just me passing through the branches, and she answered very self-confidently « no, it was not you » and then, just between us on the side of the track, this tall plants shuddered loudly again, not as under the influence of a little lizard. No, that was… different. Hard to doubt. There was a snake just between us, a few centimeters from the track, hidden in the grass. He knew well that we were here. « Come on love, come ahead, come » and I gave my hand to Amandine whose eyes hanged on mines while crossing the two meters between us and carrying on for a few more meters before stopping to breath, emotional tears in the eyes and a nervous laugh coming out. A little friendly hug and we were moving on. Fortunately we were almost done for the day. 

Un arbre sur le Jatbula Trail

Nous y repensâmes le dernier jour mais aucun autre incident similaire ne survint. Les deux dernières heures de marche furent les plus difficiles de toute la randonnée. Le vent était absent et la chaleur assommante, il semblait presque que le paysage soit hostile à notre passage. Et petit à petit nous le laissions derrière nous pour nous apprêter à rejoindre le reste des hommes. Ce qui finit toujours par arriver.

We thought about it again on the last day but nothing else happened. The very last two hours turned into the toughest ones. The wind had died and the heat was extreme, it almost seemed that the landscape was unfriendly to us. And slowly we were leaving it behind, getting ready for our come back to civilization. Which seems to always happen at some stage. 

Sandy Camp

Nous avions traversé des paysages magnifiques, très changeants sur ces cinq jours, et dans tous les cas très différents de tout ceux que j’avais vus dans le passé. Nous avions pris plaisir dans les choses simples, passé des moments de complicité formidables, respiré de l’air pur et observé des centaines d’oiseaux, dont des perroquets multicolors et des cacatoès, blancs mais aussi noirs. Nous avions marché 60 kilomètres sur un terrain très plat, mais sous un soleil très chaud. Nous étions arrivées au bout, et Amandine eût l’idée de sauter dans ce lac à Edith Falls, pour marquer le coup. Ce que nous fîmes, main dans la main. Bonheur.

Comme toujours, vous retrouverez mes photos préférés en cliquant sur ce lien, et il y en a beaucoup que je n’ai pas pu insérer dans l’article, alors ça vaut le coup d’y faire un tour !

As usual, you can discover my favorite pictures by clicking on this link, and there are a lot I could not insert in the article, so it is worth having a look!

Saut à Edith Falls

Partager ce récit

Partie 2 : l'Ouest

Vous aimerez aussi

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués par une étoile *

Vous pouvez utiliser ces balises HTML et ces attributs: <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>